11 | À l'étroit

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L'air de printemps était doux. Le jardin était fleurissant.

Assise au piano de la terrasse, je jouais. Les notes m'emportaient.

La musique était si belle que je ne faisais même plus attention à mes doigts qui tapaient les touches. Je laissais mon esprit divaguer.

Au loin, j'entendais vaguement des rires de garçons. Ils devaient être en train de jouer à la lutte.

Une autre mélodie résonna de mon piano et je vis des mains délicates se poser sur les touches à côté de moi. Je tournai la tête et tomba sur le visage de ma mère, qui me sourit quand nos regards se croisèrent. Elle était tellement belle.

Je laissai la musique et la présence de ma mère à mes côtés me bercer.

C'était comme si j'avais de nouveau 17 ans. Avant que tout mon univers sombre dans le chaos, le sang et la mort.

La musique à côté de moi s'arrêta. Mes doigts continuaient de jouer mais ma mère s'était soudainement arrêtée de taper sur les touches.

Elle n'était plus sur la chaise à côté de moi.

Ma tête se tourna à droite, puis à gauche. Personne.

Je m'arrêtai de jouer.

Ambre - Maman ?

Je me levai de ma chaise, puis déplaçai le tabouret et me retourna.

Elle était là.

Elle avait désormais les vêtements qu'elle portait ce jour-là. Mais son T-shirt était immaculé.

Je m'approchai d'elle, sentant l'herbe fraîche sous mes pieds nus.

Maman - Sauves-toi.

J'avais déjà entendu ces mots. Mais à ce moment là, ils me parurent venir d'une autre vie, d'un autre monde.

Maman - Sauves-toi Ambre.

Ambre - Quoi mais qu'est-ce que tu racontes ? Père va bientôt rentrer on-

Une tâche écarlate apparût sur son T-shirt blanc. Si blanc. Et cette tâche...

Une silhouette se détacha de derrière ma mère. Mon père était là, lui aussi. Une larme coula le long de sa joue.

Mon regard se planta de nouveau dans celui de ma mère.

Ambre - Tout va bien se passer. On va appeler les médecins tu vas voir ils vont bien s'occuper de toi.

Deux coups de feu.

Elle tomba.

Je tentai de la rattraper.

Ambre - Non, non, non.

Je levai le regard vers mon père, horrifiée. Ses yeux bruns dénués de chaleur rencontrèrent les miens. C'était comme si je le voyais pour la première fois. Une autre larme fit son chemin jusqu'à son menton.

Alter egoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant