La tempête - Chapitre 17

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Jisung bougeait frénétiquement la jambe droite pendant que son oncle essayait de faire la conversation. Quand il était sorti de l'école, il s'était précipité dans la voiture, sans même accorder un regard à son oncle qui n'avait pas beaucoup changé.

– Tu as vachement grandi en tout cas, lança l'oncle tout en conduisant plus vite que la limite autorisée.

– Encore heureux, répondit assez froidement Jisung. Sinon je ferais encore 1 mètre 30.

– Haha oui.

Kuno, l'oncle, était quelque peu mal à l'aise. C'était une situation assez embarrassante. Ça faisait de longues années que Jisung ne l'avait pas vu, mais là, il avait d'autre préoccupation que de parler de la pluie et du beau temps. Il y avait eu un incendie dans sa maison, faîte au moins à 99 % de bois. Le brun se rongea les ongles en pensant à Minho. C'était évidemment la première chose à laquelle il avait pensé en entendant parler du feu. Les toiles et la peinture étaient des éléments bien inflammables, si jamais le feu était arrivé jusqu'à sa chambre...

Jisung n'en pouvait plus de l'attente, le trajet jusque chez lui, lui parut si long, comme si la route s'était rallongée d'elle-même. Enfin, il aperçut le bois qui entourait sa maison. Mais il vit surtout un nuage bien noir s'envoler vers le ciel, se détachant du ciel bien bleu sans aucun nuage.

Il se ravança sur son siège en remarquant les quatre camions de pompier garés sur la chaussée, ainsi qu'une bonne dizaine de pompiers dans leur tenue. Il vit aussi ces parents, près de la boîte aux lettres. Son père tenait sa femme par les épaules, qui était recroquevillée sur elle-même, l'homme tenait le chien en laisse, le toutou n'avait pas l'air de savoir ce qu'il se passait. Jisung réussit à voir que sa mère pleurait.

Mais le plus grand choque fut de voir sa maison brûlée à travers la vitre de la voiture. Tout ce qui restait de l'habitation était quelque pilier vers le milieu, et un mur à peu près intact sur la gauche mais complètement noir. Par terre, un amas de détritus carbonisé fumait encore. Et à la place de sa chambre, le vide. Tout avait brûlé, il ne restait qu'un petit bout de mur de la salle de bains, à peine plus grand qu'un homme.

Quand la voiture s'arrêtait, Jisung sortit immédiatement. Il la contourna et s'avança vers le portail. Ses parents le virent et l'appelèrent mais le brun avait les yeux fixés sur ce qui restait de sa maison. Des pompiers marchaient sur les gravats noircis, ils marchaient là ou devaient se trouver sa chambre, là où devait se trouver Minho.

Minho...

Le brun marcha jusqu'au portail, jusqu'à ce qu'un homme du feu ne l'arrête.

– Vous ne pouvez pas aller plus loin.

Jisung ne dit rien et l'homme retourna près de son camion. Les pompiers avaient délaissé sa chambre et revinrent vers la route. Jisung en profita, il tapa le sprint de sa vie vers son ancien cocon. Il entendit sa mère crier au loin.

Arrivé là où devait se trouver son mur, ou était accroché une bonne dizaine de peintures, Jisung s'arrêta. Ses yeux lui piquaient et sa gorge le brûlait. Il sentait les vapeurs acres du feu. Mais il sentait surtout un feu bouillonnant de tristesse en lui. Tous étaient en miettes, il ne reconnaissait plus rien de sa chambre. À part un des montants du lit, il n'y avait plus rien encore debout.

Sa toile, ses toiles, elles avaient entièrement disparu, il ne restait plus rien. Absolument plus rien de son travail. Il posa un pied sur les décombres noirs encore fumants, il sentit la chaleur se diffuser sous ses chaussures, remontant jusqu'à ses pieds. Malgré ça, il avançait. Il finit par arriver sur ce qui devait être le milieu de la pièce, là ou devait se trouver sa dernière peinture.

Paraphrénie || MinsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant