La solitude - Chapitre 18

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Jisung observait la porte blanche en face de lui. Ça faisait plusieurs heures maintenant qu'il était revenu à lui, et ça faisait plusieurs heures qu'il laissait des larmes couler en silence le long de ses joues. Il n'avait absolument rien à faire. Il se contentait d'observer la pièce vide et minimaliste. Cela lui rappelait qu'il avait absolument tout perdu, autre son amoureux. Il avait perdu ses meubles, ses habits, ses peintures, ses cours. Tout.

Tout ce qui lui restait était son sac à dos avec son portable, trois cahiers et un petit carnet à reliure noir ou se trouvait de simple dessin. Ce n'était pas des représentations de Minho mais plus des tests qu'il faisait en cours lorsqu'il s'ennuyait. On y retrouvait des dessins de corps, sans visage ni détail, juste la forme pour les proportions. Beaucoup de mains, dans différents angles. Des éléments de paysage comme des bâtisses pour l'illusion d'optiques, ou des arbres et des fleurs pour l'entraînement.

Sinon, toutes ces œuvres étaient parties en poussières, à part ce petit bout de tableau, c'est tout ce qui lui restait de Minho. Le reste n'était que dans son cerveau et dans son imagination. Jisung avait aussi pensé à sa mère qui se trouvait dans la même situation. Elle avait quand même des toiles gardées dans son bureau qui se trouvait dans une galerie d'arts. Et elle avait toujours ses peintures affichées au grand public. Mais pour Jisung, il n'en avait plus. Son père, avant de repartir de sa chambre, lui avait expliqué l'état de la peintre. Elle était très triste et fatiguée, une fois qu'ils étaient arrivés chez Konu, elle était partie dans une des chambres d'amis qu'il possédait. Heureusement que l'oncle de Jisung avait de l'argent, ayant assez bien réussi dans l'automobile, pour s'acheter une maison avec plusieurs chambres à coucher.

Jisung regarda ses mains entièrement bandées de tissu blanc. À peine il pliait un doigt, à peine il ressentait une vive douleur aiguë. Il n'avait même pas réussi à tenir son téléphone plus de 2 minutes sans le lâcher précipitamment. Il évitait aussi de bouger les jambes, il avait mal aux genoux ainsi que sous la voûte plantaire.

Alors il restait là, assis sur son lit simple, à regarder cette chambre vétuste. Une petite fenêtre se trouvait au-dessus de sa tête et laissait entrer quelque rayon de soleil à travers le volet composé de bande horizontale.

C'était dingue à quelque point le matin même il avait ressenti une joie extrême et là, maintenant, tout ce qu'il ressentait était une mélancolie suprême. Tout avait dérapé en seulement une journée, il s'était pourtant bien amusé avec Jeongin l'après-midi et même avec les trois autres garçons à la pause. Il avait réussi à dépasser sa timidité et à enfin aller de l'avant, tout ça grâce à la joie et au bonheur que lui procurait Minho.

Il avait cru être invincible, porté par l'amour que lui donnait l'autre brun. Mais tout était parti en fumée, tout s'était envolé vers le ciel d'un bleu éclatant, alors que son cœur sombrait dans des abysses de noir.

Après avoir longuement cogité sur le manque de Minho, sur son désespoir et sur sa vie nulle à chier, Jisung se rendormit. Il était mal à l'aise dans ce lit qui n'était le sien, mais il était trop fatigué pour avoir des manières. Il avait un toit au-dessus de la tête, c'était déjà bien.

C'est son oncle qui vint le réveiller, il l'appela doucement, jusqu'à ce que le brun ouvre les yeux. L'homme de 45 ans était quelque peu embarrassé face à son neveu, et ne savait pas trop comment se comporter.

– C'est l'heure de manger, j'ai fait des pâtes si jamais tu en veux. Heu... Hum, je peux apporter ça ici si tu ne te sens pas capable de bouger.

L'homme barbu se craquait les doigts tout en parlant. Le pauvre homme se retrouvait avec une famille détruite sur les mains, à devoir s'occuper d'un lycéen brisé et d'une belle-sœur effondrée.

Paraphrénie || MinsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant