Chapitre 5

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Une caresse aussi légère qu'une plume de la part de doigts longs et fins se dépose sur ma pommette droite. Endormie depuis le début du trajet mes yeux couleur océan papillonnent pour découvrir les traits fins d'un visage féminin.

Au-dessus de moi, le visage de Brook m'examine, son sourire éclatant fait rayonner son teint pourtant pâle. Je mets un peu de temps avant d'ouvrir complètement mes yeux. Je ne peux d'ailleurs renier le sourire que j'offre à la brune en échange du sien qui est plutôt chaleureux. Les mouvements du dos de ses doigts aux ongles bien coupés ne cessent aucunement.

On se fixe pendant un moment aussi interminable que appréciable. Mes pensées se dirigent étonnamment sur Raphaëlle que je n'ai pas aperçu. Puis la sensation de tanguer m'alerte, mes autres sens se mettent en éveil et je bouge mes doigts aux ongles longs parfaitement sculptés contre des draps de blanc immaculés. Je comprends donc que je suis dans une chambre mais il me reste encore des questions en tête. C'est alors que je cherche réponse dans les pupilles amusées de ma tortionnaire. Celle-ci dû rapidement comprendre mes pensées car ses lèvres s'entrouvrent pour laisser son accent anglais mettre fin à mes interrogations.

-Tu as bien dormi sweetie ? Nous sommes sur un bâteau pour aller à la maison.. Tu dormais si paisiblement je voulais pas te réveiller mais nous allons bientôt arriver

Son sourire me rassurerait presque si je n'avais jamais fait face à elle dans d'autres circonstances.

-J'ai bien dormi merci…Où sommes-nous exactement ? J'ose demander dans l'espoir qu'elle ne me remballe pas avec une de ces phrases que j'ai pu lire dans quelques-uns de mes romans.

Mes craintes s'envolent aussi rapidement qu'elles avaient atterri dans ma tête il y a seulement quelques secondes lorsque mon interlocutrice prend de nouveau la parole d'une voix qui me fait frissonner jusqu'au bout des orteils.

-Notre maison se situe sur une île privée kitten…au cas où tu envisages de t'échapper, saches qu'il te faudra plus que le brevet des cinquante mètres

Je ris à sa remarque pour la première fois d'ailleurs elle m'inspire autre chose que la peur et dans son regard une étincelle se forme, je crois y déceler du bonheur comme si mon rire cristallin lui avait réchauffé l'aorte. Je crois que j'aime bien la Brook que j'ai en face de moi à ce moment-là mais je sais aussi qu'il y a encore Raphaëlle et que ces deux là ont l'air de tenir leurs promesses pour mon plus grand malheur.

La réponse de ma future épouse me trouble d'autant plus car je ne comprends pas pourquoi nous allons sur une île qui plus est privée.

Comment je vais faire pour les cours ? Et je vais voir ma famille quand ? Puis Alejandro, comment va-t-il survivre aux cours de sport sans ma présence ?”

Ce questionnement me perd complètement tout comme l'émeraude des yeux de la brune qui subliment son visage déjà si parfait à mes yeux.

   * * *

Me voilà face à un manoir qui semble aussi ancien que moderne sur les hauteurs de l'île, la vue est magnifique je dois le reconnaître mais je sens que ce décor ne va pas avec mes futures épouses. De là où je suis, sur les hauteurs de l'île, je peux apercevoir mon pays à l'horizon. La mer presque turquoise me donne envie d'aller piquer une tête mais je suppose que ce n'est pas pour aujourd'hui. Tout ce que j'espère c'est avoir le droit d'y plonger ne serait-ce que le bout de mes longs doigts aux ongles mi-longs couverts de pâquerettes dessiner avec soin sur certains d'entre eux et de blanc sur d'autres.

Quelques minutes plus tôt, Brook m'a conduite ou plutôt poussée à sortir du yacht afin de monter dans un Hummer semblable à celui emprunté pour rejoindre le bâteau dans lequel je me suis réveillée il y a peu. Et une vingtaine de minutes plus tard, me voici devant ma prison dorée à la pureté si ironique.

Allison Grayson Scott : Entre quatre mains  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant