LES PRIMORDIAUX - La nuit tombe - 1 [Terminée]

31 - Orion

Je raccrochai avec Patrocle et déposai mon téléphone sur la table du diner, écran retourné. De la musique recouvrait le très léger brouhaha des clients ; nous n'étions pas très nombreux, tous carburants au café, parce qu'il n'y avait pas meilleure drogue à cette heure avancée de la soirée. J'avais quitté L.A il y avait quelques heures pour rejoindre mon contact pendant que Patrocle avançait de son côté. Lorsqu'Ephraim nous donnait une mission, on s'y attelait sans attendre, même si j'aurais préféré me passer de celle-ci.

Menteur.

Je jetai un coup d'œil par la vitre. Est-ce qu'apprendre qu'elle avait bien failli devenir un Catalyseur m'avait fait quelque chose ? Je n'étais pas insensible, putain ! Je n'étais pas un monstre, ni même un connard. Même si pour ça, c'était relatif.

Comment Zeus avait-il pu laisser un truc pareil arriver ? Il avait envoyé paitre la première règle du Premier Ordre. On n'utilisait pas un Primordial.

On n'utilisait pas une enfant pour en faire un Catalyseur. À quel moment s'était-il dit que ça passerait ? Que ça fonctionnerait ? Les Catalyseurs étaient des êtres à part. Ni Primordiaux ni humains, ils existaient comme amplificateur pour nos dons. Comme lien pour les Céracles. Fin de l'histoire.

Utiliser Lilianne ?

Ouais, j'étais putain de vénère. L'idée me rendait malade, parce que l'aspect sexuel était trop important pour être ignoré. Effacé. Il fallait baiser avec le Catalyseur pour que le lien se forme. Ni plus ni moins.

Comme si nous étions des bêtes.

Voilà pourquoi des Catalyseurs étaient créés et entraînés toute leur vie jusqu'au moment fatidique. On ne choisissait pas quelqu'un dans la masse pour le désigner Catalyseur. Et puis quoi encore ?

Zeus avait dépassé toutes les limites. Il avait osé essayer de lier sa propre petite-fille et... et quoi ? Si Lilianne était toujours vierge, cela signifiait que rien n'avait été fait.

Il me fallait être pragmatique, comme Ephraim. Même si je savais bien ce qui se serait passé si la gamine n'avait pas été vierge.

Le Faucheur se serait déchaîné, Clan ou pas Clan.

Parce qu'elle lui appartenait.

Elle nous appartenait.

Des pas. Un « bonjour » amical et Bruce s'installa en face de moi, son tatouage de Clan dans le cou. Un lion magnifique.

Un Matras pur souche celui-ci.

— Orion, me salua-t-il.

Il retira ses lunettes de soleil pour dévoiler deux yeux différents. Je tapotai l'enveloppe qui reposait à côté de mon téléphone avant de la glisser vers lui.

— Tu as ce que je voulais ? m'enquis-je.

Je n'avais pas envie de perdre du temps.

Il fallait que j'aille m'excuser auprès de Hunter et que je recoupe ce que j'apprendrai avec Patrocle avant que nous n'allions en toucher deux mots à Ephraim. Le reste, il s'en occuperait, n'est-ce pas ?