L'Enfant Mangemort

24

— On doit être à des kilomètres au-dessous du château, dit Harry d'une voix qui se répercutait en écho dans le tunnel obscur.

—Sous le lac, sans doute, dit Ron en voyant les parois couvertes de vase.

—Lumos ! murmura Harry et sa baguette magique s'alluma à nouveau. Venez, dit-il à Evan, à Ron et à Lockhart.

Ils s'enfoncèrent alors dans le tunnel, pataugeant bruyamment dans les flaques d'eau qui recouvraient le sol.

Le tunnel était si noir qu'ils ne pouvaient pas voir très loin. A la lueur de la baguette magique, l'ombre de leurs silhouettes paraissait monstrueuse. Evan décida d'ajouter un peu plus de lumière.

—N'oubliez pas, dit Harry, si jamais vous entendez quelque chose bouger, fermez immédiatement les yeux.

— Comment vous avez compris que c'est un Basilic ? Demanda Evan.

— Hermione, répondit simplement Ron. Et toi ?

— Le roi des serpents, créatures créée par la magie, parfait candidat d'après moi, dit Evan. Et puis, Fred et George m'ont parlé de l'appareil photo de... Crivey... alors j'ai compris que si on ne regarde pas directement les yeux du Basilic, on est juste pétrifié. Ça faisait sens.

— Hermione a pensé comme toi !

Evan n'était pas vraiment surpris.

— Sans elle, je crois que vous seriez mort depuis longtemps ou pire... renvoyé, dit-il amusé.

— Tu t'entendrais bien avec elle, remarqua Harry.

— Hmm... Oui, peut-être, murmura Evan. Mais pour le moment, faisons moins de bruit. Et essayons de marcher sans faire tout trembler. Les serpents sentent le sol vibrer.

Les deux Gryffondor hochèrent de la tête.

Le tunnel paraissait aussi calme qu'un tombeau. Le premier bruit bizarre qu'ils entendirent fut un craquement sonore lorsque Ron marcha sur quelque chose qui se révéla être un crâne de rat. Harry éclaira le sol de sa baguette et ils virent qu'il était jonché d'os de petits animaux. En essayant de ne pas penser à l'état dans lequel ils risquaient de retrouver Ginny, Evan reprit son chemin devant les trois autres et suivit un coude que formait le tunnel.

—Il y a quelque chose, là-bas, dit Ron d'une voix rauque en saisissant l'épaule de Harry.

Tous trois s'immobilisèrent, mais Evan continua à avancer, avec prudence. Il distingua les contours d'une chose énorme et courbe qui s'étendait de l'autre côté du tunnel. La chose ne bougeait pas.

—Il est peut-être endormi, murmura Harry dans un souffle en se tournant vers les deux autres.

Evan se retourna alors vers eux. Il doutait que le Basilic puisse être endormi malgré leur prudence.

Lockhart avait plaqué les mains sur ses yeux. Harry regarda à nouveau la chose.

Très lentement, les paupières à peine entrouvertes, Harry s'avança, en levant sa baguette. Evan reprit sa marche et atteignit alors la chose sur le sol en pierre. La lueur qui brillait à l'extrémité de sa baguette magique éclaira la gigantesque peau vert vif d'un serpent qui avait mué. La peau vide était enroulée sur elle même en travers du tunnel. La créature à laquelle elle avait appartenu devait mesurer au moins six mètres.

— Une mue, dit Harry en rejoignant Evan, les yeux écarquillés.

—Incroyable, dit Ron d'une voix faible.

Il y eut soudain un bruit de chute derrière eux : les jambes de Gilderoy Lockhart s'étaient dérobées sous lui.

—Levez-vous, dit Ron sèchement en pointant sa baguette d'un air menaçant.

Lockhart se releva, puis il se jeta sur Ron en le projetant à terre.

Harry se précipita, mais il était trop tard. Lockhart, haletant, s'était redressé, brandissant la baguette de Ron. Il avait retrouvé son sourire satisfait. Evan soupira et observa ce pitoyable sorcier sans se sentir en danger.

—L'aventure se termine ici, les amis, s'exclama-t-il. Je vais prendre un morceau de cette peau et le rapporter à l'école. Je leur dirai qu'il était trop tard pour sauver la fille et que vous avez tragiquement perdu l'esprit à la vue de son corps mutilé. Vous pouvez dire adieu à vos souvenirs !

Il leva au-dessus de sa tête la baguette rafistolée de Ron et hurla :

—Oubliettes !

La baguette explosa alors avec la force d'une petite bombe. Harry et Evan se protégèrent le visage de leurs bras et s'enfuirent à toutes jambes, glissant sur la peau de serpent, pour échapper aux énormes morceaux de roc qui se détachaient du plafond et s'écrasaient sur le sol dans un bruit de tonnerre. Bientôt, ils se retrouvèrent face à un mur d'éboulis.

—Ron ! Hurla Harry. Tu n'es pas blessé ? Ron !

—Je suis là ! répondit la voix étouffée de Ron, derrière l'amas de rocs. Moi, ça va, mais l'autre idiot en a pris un coup.

Il y eut un bruit sourd suivi d'une exclamation de douleur, comme si Ron venait de donner un coup de pied dans les tibias de Lockhart.

—Ça va, il est toujours vivant, dit Ron.

— Dommage, grogna Evan.

— Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Dit Ron d'un ton désespéré. Je n'arriverai jamais à passer de l'autre côté. Ça nous prendrait un temps fou de creuser un trou dans ces rochers...

Evan leva les yeux vers le plafond du tunnel. De grosses lézardes y étaient apparues. Il n'avait jamais essayé de briser d'aussi gros rochers à l'aide de sa baguette magique et ce n'était pas le moment idéal pour faire l'expérience : le tunnel risquait de s'effondrer sur toute sa longueur.

Ils étaient en train de perdre du temps. Il y avait maintenant plusieurs heures que Ginny était prisonnière de la Chambre des Secrets et Evan savait qu'il ne restait plus qu'une seule chose à faire.

—Attends-moi là, dit-il à Harry. Je continue. Dégagez lentement le passage et...

— Non, dit Harry. Je ne te laisse pas y aller seul. Je parle Fourchlang, non ? Je peux peut-être arrêter le Basilic. Si nous ne sommes pas revenu dans une heure... ajouta-t-il pour Ron.

Il y eut un instant de silence poignant.

—Je vais essayer de déplacer un peu ces rochers pour que vous puissiez passer tout à l'heure, répondit Ron d'une voix qu'il s'efforçait de rendre la plus ferme possible. Et. heu... Harry... Evan...

—A tout à l'heure, coupa Harry qui faisait de son mieux pour cacher le tremblement de sa propre voix.

Evan lui fit un signe de la tête. Ils n'étaient plus que deux maintenant pour affronter peut-être pire que le Basilic.

Ils repartirent donc, contournant la peau du serpent géant. Le bruit que faisait Ron en tentant de creuser un trou dans les rochers éboulés les accompagna un moment puis s'évanouit à mesure qu'ils avançaient. Le tunnel ne cessait de tourner. Evan sentait ses nerfs à vif, mais il faisait tout pour ne pas le montrer à Harry, qui devait faire de même. Ils avaient envie de voir la fin du tunnel mais ils redoutaient en même temps ce qu'ils risquaient d'y découvrir. Enfin, après une dernière courbe, ils se retrouvèrent devant un mur sur lequel étaient gravés deux serpents entrelacés. De grosses émeraudes étincelantes étaient serties à la place des yeux.

Harry s'approcha, la gorge sèche. Il n'eut aucun mal à parler d'une voix sifflante. Evan était un peu jaloux du don de ce garçon qui n'avait aucun lien avec Serpentard, en plus.

Les deux serpents se séparèrent aussitôt : les deux pans de mur sur lesquels ils étaient gravés venaient de s'écarter en silence. Quelques instants plus tard, ils avaient entièrement disparu, laissant la voie libre. Evan passa en premier, sa baguette magique fermement tenue dans sa main immobile.
Tremblant de tous ses membres, Harry franchit alors l'ouverture à sa suite.