Tarak, Deval, Komari, Sovann... ils étaient là, dans la salle d'armes, à vivre bien tranquillement leurs vies...
Non.
Komari.
– Ah, t'es...
Mon poing le coupa dans sa phrase. Le nez en sang, il me jeta un regard choqué, comme s'il ne comprenait pas.
– Toi je veux plus jamais te revoir.
Maintenant cette raclure de Sovann, qui s'approchait comme pour intervenir entre Komari et moi.
Je n'allais pas lui laisser ce répit.
Je me jetais sur lui, le faisant basculer au sol.
– Tu pouvais pas te mêler de ce qui te regarde !
Je frappais de toutes mes forces, lui ripostait, s'évitant les dégâts les plus importants. Sauf que je n'allais pas le laisser s'en tirer comme ça. Il allait avoir ce qu'il méritait, depuis le temps que je me retenais...
– Keda, arrête ! intervint Deval en essayant de me tirer en arrière.
– D'abord tu me prends mon père, tu me prends ma place, et maintenant à cause de toi je perds la seule fille que j'ai jamais aimé ! T'as rien donc tu veux que je perde tout aussi, c'est ça ?
Sovann parvint à m'arrêter en saisissant mes poignets.
– Je voulais pas que Nirmala souffre parce que tu voulais te servir d'elle pour m'atteindre.
Je dégageais un de mes bras de l'emprise de Sovann pour prendre un shuriken que j'avais à ma ceinture. Ça serait faible mais tant pis, au moins ça ferait mal.
Deval essaya de m'arrêter, pareil pour Sovann, mais le shuriken lui infligea une première blessure à la jambe, et puis une autre.
– T'es en train de me dire que j'ai perdu Nirmala parce que t'as tout ramené à toi ?
Et une troisième.
Cette fois c'est Tarak qui intervint, me tirant en arrière avec Deval.
– Laissez-moi !
– Ça va trop loin, me dit Tarak en me retenant.
Sovann s'éloigna aussi. Moi j'étais entraîné hors de la salle par Tarak et Deval, mais ça ne m'empêcha pas de lancer :
– Retiens bien ça si c'est pas rentré dans ton crâne : Je te hais !
Trois semaines de repos pour Sovann à cause des blessures. Komari quitta la garde le jour-même, et je me fichais bien de savoir où il était allé.
Pour moi ? Pas une sanction, ce qui se passa ce jour-là demeura entre les cinq présents. Sovann avait inventé une histoire de chute lors d'un entraînement, et aucun témoin ne le contredit.
Quant à Nirmala elle montra bien sa volonté de me voir disparaître de sa vie, puisqu'elle quitta Gathara peu après. Pour aller où ? Aucune idée.
Ma mère était morte, mon père n'en avait rien à faire de moi, j'avais perdu l'amour de ma vie... L'amour n'avait plus la moindre place dans ma vie. Nirmala était dans mon cœur, Ren aussi, mais ça s'arrêtait là.
Sovann m'avait collé une étiquette de connard, eh bien j'en serai un. Un connard qui s'assume. Après tout c'était comme ça qu'on avait le respect, non ? En l'imposant, ou bien en donnant l'impression qu'on s'en foutait de recevoir ce respect.
– J'vais prendre une bière.
– Je vais te chercher ça.
En attendant mon verre je m'asseyais au bar. Coup d'œil à ma gauche.