11 ans avant HDA (Elango presque 9 ans, Yan 8 ans)
De la lumière s'échappait sous la porte de l'atelier. J'ouvris légèrement, grand-père était dedans, face à une toile.
Il se tourna vers moi, et me sourit.
– Le sommeil ne vient pas ?
– Non, dis-je en entrant.
Grand-père me montra son tableau. Des lignes bleues, brunes, beiges, elles recouvraient entièrement la toile.
– Ça te plaît ?
– C'est quoi ?
– Toi.
– Oh...
Grand-père se mit à rire, et comme d'habitude je ne résistais pas, je riais avec lui. Tout le monde disait qu'il avait le rire contagieux, c'était vrai.
– Ça c'est pour tes yeux, me dit-il en me montrant sans la toucher une ligne bleue.
C'était la couleur exacte. Comme si le vert et le bleu avaient eu un enfant ensemble, comme il disait.
– Tes cheveux, ton visage, enchaîna-t-il en me montrant les brunes et les beiges.
Il prit son pinceau, et appliqua une ligne bleue supplémentaire.
– Et ce bleu-là je trouve qu'il te ressemble bien. Doux, créatif, tout mon petit-fils adoré.
Je m'approchais de son tableau, grand-père posa une main sur mon épaule.
– C'est mes couleurs mais ça me ressemble pas.
– Les plus belles choses ne se voient pas forcément, ni toujours de la même façon. Là c'est une façon de représenter ton importance à mes yeux, Elango. L'amour d'un grand-père pour son petit-fils n'a pas de visage, je lui en ai donné un.
Quelques jours plus tard...
Papa posa un paquet sur la table.
– De la part de ta mère.
Je me saisis du paquet et je l'ouvris avec soin. Un nouveau livre, à la couverture lisse et brillante représentant un phénix enflammé, avec en grands caractères noirs le titre Le renouveau.
– Et une carte, continua papa en me donnant une enveloppe.
Maman parlait de son voyage, des choses qu'elle voyait, de son cadeau. Elle écrivait aussi qu'elle était triste de ne pas pouvoir être avec moi aujourd'hui, mais qu'elle rentrerait bientôt à Gathara.
– Ça c'est de moi.
Papa me donna un paquet allongé. Une épée de bois.
Encore.
– Merci.
Il voulait je manie l'épée mais... j'en avais beaucoup trop dans mon placard.
Grand-père me tendit à son tour un paquet. Des pinceaux et de la peinture.
– Joyeux anniversaire, Elan.
Je ne pouvais décoller mon sourire de ma bouche en regardant ce cadeau. J'allais pouvoir faire comme lui, donner un visage à ce qui n'en avait pas...
– Merci, grand-père !
– Évite d'en mettre partout, d'accord ?
– Il aura un bon professeur, répondit grand-père à papa en ébouriffant mes cheveux.
Je lui souris et finissais en vitesse mon gâteau. Il fallait qu'Any voie tout ça.
– Je peux aller voir Yan ?