Chapitre 6

7 2 0
                                    

Dukan était devant la maison du guérisseur. Lorsque la porte s'ouvrit et qu'il vit cette femme, bien plus jeune qu'elle ne le prétendait, sortir de cette maison, ses doutes se confirmèrent. La vieille dame qui avait percuté son cheval une vingtaine de minutes plus tôt, l'avait intrigué. La fugitive tant recherchée avait un point faible connu : une fragilité à l'épaule droite. Malheureusement, cela n'était pas suffisant pour arrêter une personne. Il avait donc décider de la suivre, afin d'en avoir le cœur net. Dukan était un bon chasseur et pister une proie sans se faire remarquer, était un de ses points forts.

Lorsque la femme était sortie, il n'avait plus aucun doute sur son identité. Ses yeux gris-vert, une peau diaphane, la cicatrice blanche qui longeait sa mâchoire, de l'oreille droite jusqu'au menton et ses cheveux blonds presque blanc, confirmèrent à Dukan, que cette femme déguisée en vieille dame, était bel et bien la fugitive recherchée par quatre clans, l'ancienne chasseuse : Adina.

Le contact visuel ne dura que quelques secondes, puis Adina roula sur sa gauche et disparut derrière la maison. Dukan n'hésita pas longtemps avant de se lancer à sa poursuite. Il était agile et courait vite, mais visiblement, Adina aussi. Cela faisait six années qu'elle était en cavale, qu'elle fuyait dès qu'on la reconnaissait. La fugitive était entrainée à ce genre de situation. Mais elle était blessée. Dukan misa là-dessus mais il ne doutait pas pour autant de sa capacité à l'attraper. Il était excellent chasseur. Il était le meilleur pisteur et ne ratait presque jamais ses proies. Dukan dû éviter les sacs et les caisses qu'Adina faisait tomber sur le chemin pour le ralentir. La jeune femme était maline, elle passait par les petites rues, les jardins inoccupés, afin d'éviter les soldats jaunes et les autres chasseurs, présents dans la grande rue. Dukan était donc seul.

Cependant, comme il s'y attendait, Adina fini par ralentir. Dukan ne prit pas le temps de savoir si elle était épuisée ou s'il s'agissait d'une ruse. Il prit de la vitesse et sauta en avant, dans le but de plaquer la fugitive au sol. Au dernier moment, alors que Dukan allait poser les mains sur la cape d'Adina, cette dernière fit un bond sur la droite, puis dégaina une courte épée de sa main gauche. Dukan s'écroula sur le sol, légèrement étourdit, mais se releva aussitôt. Il fut pris de court, n'ayant pas vu l'arme d'Adina, elle lui entailla le bras. Le sang l'éclaboussa, la douleur était vive. Dukan essaya difficilement d'atteindre son sabre avec son bras blessé. Adina lui assena un second coup, du plat de la lame, sur la main qui tenait le sabre. Surpris, il lâcha sa prise et fit tomber son arme. Adina la ramassa et lui donna un coup dans le genou, ce qui lui fit perdre l'équilibre et basculer en avant. Abasourdi par le retournement de situation, Dukan se redressa sur les genoux et fit face à cette femme, bien plus féroce qu'il ne l'aurait cru. Les deux lames pointées vers lui, à quelques centimètres de son visage, Dukan dévisagea sans broncher la fugitive. Elle s'approcha suffisamment pour qu'il l'entende murmurer :

- Ne me suivez pas, ne parlez de moi à personne, ou la prochaine fois que je vous croise, vous êtes un homme mort.

La menace était simple, sans grossièretés, mais quelque chose dans le ton et le regard de cette jeune femme, le fit frissonner. Sans le quitter des yeux, Adina le frappa à la tempe avec le pommeau de son sabre.

Lorsque Dukan revint à lui, le soleil amorçait sa descente dans le ciel. Il avait horriblement mal à la tête, à ses genoux et à son bras. Il regarda sa blessure, elle le brulait. Il avait perdu beaucoup de sang et eu du mal à tenir debout. Bien évidemment, la fugitive était partie avec son sabre.

Il arriva difficilement jusqu'à la maison du guérisseur et n'en pouvant plus, se laissa tomber en bas des marches, juste devant la porte. Le ciel se mit à tourner devant ses yeux et une fois encore, il sombra dans l'inconscient.

***

Adina avait couru sans se retourner. Elle ne pouvait pas faire confiance au chasseur, alors elle ne perdit pas de temps. Elle retrouva sa monture, qu'elle avait laissé dans le bosquet, monta en selle et pris la direction de la forêt. Elle ne commettrait pas la même erreur que la nuit dernière, Adina restera à l'orée de la forêt, se contentant de la longer.

Partie au galop depuis plusieurs heures, Adina s'octroya un peu de repos et fit ralentir son cheval. Elle avança au pas, écoutant les bruits alentours. Rien d'inquiétant. Des animaux sauvages et des oiseaux. Elle aperçut un infecté un peu plus loin sur son chemin. Adina pris son arc, encocha une flèche puis leva le bras en direction de sa cible. Ce mouvement la fit gémir de douleur, son bras qui tenait la corde tremblait. Adina se mordit la langue, amena d'un geste rapide la corde jusqu'à sa joue, visa l'infecté et libéra la flèche. L'archère regarda sa flèche passer bien au-dessus de la tête de l'infecté. Le goût de sang emplissait sa bouche. Adina cracha du sang, elle prit sa gourde et attrapa un sachet de pilules anti-inflammatoires. Elle en avala deux d'une traite. Elle attendit que l'infecté arrive à son niveau, puis d'un geste simple, le décapita avec le sabre qu'elle avait volé au chasseur. La tête sans vie roula sur la route, avant que le cheval d'Adina ne marche dessus, le réduisant en bouillie. Elle lui flatta l'encolure, puis profita du paysage et du calme environnant, qui défilait autour d'elle.

La jeune femme sortie une carte, griffonnée à la main. C'était une petite fille qu'elle avait rencontré une année plus tôt lui avait donné la sienne. Adina y avait fait plusieurs annotations personnelles et avait ajouté quelques repères supplémentaires. Elle avait également noté l'emplacement approximatif du village d'Eyen, à l'aide des informations recueillis au cours de ses voyages. Si elle ne s'était pas trompée, elle devrait y arriver dans moins d'un mois. Il n'y avait que des petits villages sur son chemin, à moins qu'elle fasse un écart forcé, elle ne devrait pas rencontrer de soucis particuliers. Adina souffla. Avec un peu de chance, le reste du voyage serait calme. 

La Brume d'AïhémanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant