Chapitre 17

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Le lieutenant Ludwig observait les interrogatoires depuis le balcon de la caserne. Le capitaine Rémi et lui-même se chargeaient de passer au peigne fin les troupes de Jhagraam. Le seigneur Kraus avait l'air dépassé et avait délégué au lieutenant Ludwig la charge de débusquer les prisonniers. Il n'avait même pas écouté le debrief du lieutenant. Ce dernier avait donc pris la liberté d'user du protocole LIIVAR. Bien que peu convaincu par son utilité, le capitaine avait suivi les ordres de Ludwig.

En réalité, le lieutenant profitait de cet incident pour sonder ses soldats. Il soupçonnait certains de ses soldats de comploter contre lui, afin de l'évincer.

Ces entretiens permirent de découvrir que la grande majorité des soldats était fidèles à Kraus. Cependant, beaucoup se méfiaient du lieutenant Ludwig. Certains avaient même avoué ouvertement vouloir l'éliminer. D'autre prétendait que le lieutenant Ludwig travaillait pour les Qekura. Il avait immédiatement fait enfermer ces soldats infidèles. Il communiquerait plus tard la liste des noms au seigneur Kraus.

Le capitaine Rémi était en plein interrogatoire avec l'un des gardes qui avait été chargé de la surveillance de la cellule d'Adina. Il n'avait trouvé aucune information intéressante jusque-là. Mais il obéissait aux ordres. En écoutant le garde se plaindre des conditions de travail dans les cellules, Rémi découvrit enfin quelque chose d'utile. Le garde se plaignait des bruits et des odeurs provenant des anciens réseaux d'égouts, qui étaient en cours de réhabilitation. Rémi eu alors une révélation. La traitresse et l'ancien chasseur étaient introuvables dans la ville car ils n'y étaient plus. Ils étaient sous la ville ! Rémi courut prévenir le lieutenant afin de lancer au plus vite, une équipe à la recherche des fugitifs.

Après avoir reçu l'aval de son supérieur, Rémi ordonna à ses meilleurs soldats de partir en reconnaissance dans les tunnels en partant des cellules. Il divisa le groupe en deux afin qu'ils couvrent un maximum de surface. Rémi resta à la surface pour commander les opérations et faire le point avec le lieutenant et le seigneur. Le souci, c'est qu'ils avaient plusieurs heures de retards sur les fugitifs et qu'ils n'avaient aucune idée de la direction qu'ils avaient prise.

Dans la caserne du palais, le seigneur Kraus s'entretenait avec le lieutenant Ludwig. Il était furieux que personne n'est pensé à vérifier les égouts. Sa ville avait été entièrement fermée pendant plusieurs heures pénalisant le commerce. Pendant ce temps-là, deux évadés se promenaient tranquillement sous la ville.

Kraus devait absolument en parler à son père et aux représentants des autres clans, qui étaient en déplacement pour la cérémonie d'exécution d'Adina. Cela entacherait sa réputation déjà peu glorieuse mais il devait faire face à ses responsabilités. Il ordonna à Ludwig de mettre tous ses hommes sur les traces des chasseurs, puis retourna en direction de son bureau. Il remonta les marches en pierre noire et passa devant la porte des appartements de son père. Il s'arrêta, observa la porte en bois ouvragé et inspira profondément. Il s'apprêtait à frapper à la porte, quand il se ravisa. Il en parlerait quand ils auront rattrapé Adina. Le jeune chef de clan continua donc son chemin en trainant des pieds.

Kraus entra dans la pièce, enleva sa cape et s'assit à son bureau. Il ôta la coiffe de cuire, qui faisait office de couronne, et la déposa devant lui. Il replaça une mèche rousse qui s'était échappée de sa longue tresse puis passa une main sur sa barbe naissante. Il avait toujours eu horreur de la barbe, mais d'après son père, cela lui donnait l'air plus sérieux, plus imposant. Son père lui rabâchait sans cesse qu'il avait un visage trop enfantin, trop rond, trop doux. Que ses yeux d'un bleu profond était trop gentil, trop rieur. Que sa peau blanche était trop claire, trop lisse. Pour faire court, rien n'allait ni dans son physique ni dans sa façon de diriger. Kraus soupira mais ne pouvait pas s'apitoyer plus longtemps sur lui-même. Il sorti une liste que lui avait donné le lieutenant Ludwig, comportant plusieurs noms de gardes qui était, selon le lieutenant, des traitres et des espions. Il étudia les noms et commença à établir un programme pour les exécutions. Il tenait à assister à chacune d'elle.

Un garçon d'une quinzaine d'année entra dans le bureau du chef, à bout de souffle. Il prit quelque seconde pour reprendre sa respiration puis s'adressa à Kraus sans plus de cérémonie.

- Mon Seigneur, le capitaine Rémi demande à vous voir de toute urgence !

La Brume d'AïhémanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant