Chapitre 9

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Cela faisait trois jours que Dukan était enfermé chez le guérisseur. Il avait perdu beaucoup de sang et le médecin n'avait plus de plantes pour soigner les hémorragies. Il avait malgré tout, réussit à soigner le chasseur. Ce dernier ne se fit pas prier et quitta immédiatement la petite maison. Il retourna dans l'auberge que son groupe et lui occupait. Mais à sa grande surprise, il ne trouva personne. L'aubergiste lui appris que ses hommes étaient partis quelques jours plus tôt, prétextant une mission urgente dans le Nord. Dukan n'en avait pas entendu parler et ce qui l'étonna d'autant plus, c'est que personne n'était venu le prévenir. 

Dukan interrogea l'aubergiste, mais le vieil homme n'avait pas plus de réponses. Le chasseur monta dans sa chambre pour y regrouper ses affaires. Il ne trouva qu'une pièce vide. Il fit le tour, regarda dans les tiroirs, sous le lit. Il trouva son sac de voyage dans un coin. Dukan le prit et le retourna, vidant son contenu sur le lit. Un simple morceau de tissu en tomba. L'écusson des chasseurs. Une boule se forma dans la gorge de Dukan. Il le prit dans sa main et le déplia. Ce qu'il craignait le plus était bien arrivé. L'écusson avait été fendu en diagonale, signe qu'il avait déshonoré l'Ordre des Chasseurs.

Dukan avait quitté le village la tête basse. La seule chose qu'il lui restait, était son cheval et son couteau de chasse. Il n'avait plus rien, plus de famille, plus de travail. Il erra sans but toute la journée, marchant vers le Nord. A la nuit tombée, il se rendit compte qu'il n'avait même pas de cape pour se couvrir. Il s'arrêta au bord de la rivière. L'ancien chasseur décida de passer la nuit ici. Il alluma un feu et mangea un peu de poisson.

Il ne dormit que d'un œil, ne se sentant pas en sécurité, seul, si près de la Brume. Il était dans le secteur de chasse des Loups de Brume, des créatures nocturnes. Ces créatures n'avaient pas l'air beaucoup plus terrifiante qu'un loup moyen, mais elles étaient d'une férocité incroyable. Dukan n'en avait jamais vu par lui-même, il avait seulement lu ce que des chasseurs plus âgés avait regroupé dans un livre : la Bible du Chasseur. Ce manuel contenait tout ce qu'un chasseur devait savoir sur les créatures connues, ainsi que le code de conduite à adopter. Dukan en avait une avec lui, mais ses hommes le lui avait repris, en même temps que le reste de ses affaires.

Un souffle chaud et humide réveilla Dukan. Il ouvrit les yeux et découvrit un museau baveux et rempli de crocs pointus. Le loup de Brume se tenait au-dessus de lui, ses yeux orange luisant dans le noir. Il chercha à tâtons son couteau qu'il avait accroché à sa ceinture. Le loup de Brume le senti bouger. Le loup grogna et appuya sa patte sur la poitrine du chasseur. Alors d'un mouvement vif, Dukan planta son couteau dans le ventre de la bête et remonta jusqu'à sa gorge. Les entrailles du monstre se déversèrent sur Dukan, qui roula sur le côté au moment où le loup de Brume tomba. 

Dukan se releva et se retrouva face à trois autres Loups de Brume. S'il avait eu son sabre, il aurait réglé le problème en quelques secondes. Il réfléchit tout en reculant doucement jusqu'à son cheval. Il opta pour une ruse dont lui avait parlé Mick. Il ôta sa chemise, imprégné du sang et de l'odeur de l'un des loups et la jeta en direction du reste de la meute. Il profita de la diversion pour sauter sur son cheval et partir au galop. Comme il s'y attendait, les loups se lancèrent à sa poursuite. Ils étaient rapides. 

Trop rapide. 

Ils rattrapèrent très vite le cavalier et si Dukan n'agissait pas, ils dévoreraient le cheval, même en pleine course. Dukan observa le paysage à la lueur de la lune. Il n'y avait rien. Seulement des champs, quelques buissons et la rivière. La rivière ! De l'eau. Bien sûr ! Dukan se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt. Les Loups de Brume détestaient l'eau. Il devait franchir la rivière. Ici, elle était trop large pour sauter d'une berge à l'autre, ce qui était parfait. Dukan tira sur les rennes pour forcer sa monture à traverser la rivière. Il dut talonner son cheval pour l'inciter à mettre les pattes dans l'eau froide. Il avança lentement dans l'eau, qui monta bientôt jusqu'à ses genoux. Dukan se retourna et constata avec soulagement, que les loups étaient restés sur la berge grognant de mécontentement.

Une fois de l'autre côté, Dukan talonna à nouveau sa monture et remonta vers l'est, le long de la rivière, d'un pas rapide. 

La Brume d'AïhémanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant