Souffler un peu

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Le lendemain, jeudi, Adam sort de l'hôpital, en parfaite santé, à l'exception de légers maux de têtes et une forte fatigue mentale, signes de l'intense utilisation de son Doppelgänger la veille, hors des limites qui lui étaient censées être accessible. Il est dispensé d'aller en cours aujourd'hui, afin qu'il puisse se reposer. Adam fait alors ce qu'il n'a jamais pu faire de lui-même : se balader en ville, ou plutôt errer. Il n'a jamais réellement eu l'occasion de sortir de chez lui seul, de simplement pouvoir aller quelque part, de pouvoir s'évader ailleurs que dans sa chambre. Quand il a atteint l'âge de sortir sans ses parents, il n'avait plus la force d'affronter le reste du monde, il s'était déjà renfermé sur lui-même. Il n'a rien à faire, et il n'a pas spécialement envie de rentrer chez lui, le climat étant assez tendu ces derniers temps. Cette sortie lui permet de penser à autre chose que le brouhaha incessant régnant chez lui. Paradoxalement, c'est dans ces rues bondées de passants qu'il trouve le calme, le temps de se reposer, sans avoir à être constamment stressé par le futur proche, comme s'il venait de découvrir le bouton pause dont il avait tant besoin.

Espérons que mon père ne sait pas que je viens de sortir.

Il avait toujours son casque qu'il avait utilisé sur le chemin vers l'entrée du Pandemonium. Il le met sur sa tête et réécoute sa playlist, composée quasiment exclusivement de metal japonais déprimant au possible, le reste étant identique, la partie métallique en moins. Il vagabonde alors dans les rues de sa ville, où il ne pleut quasiment jamais, où les gens sont tous censés être heureux, où il est implicitement interdit d'être triste, surtout quand on est jeune, car la vie nocturne de cette ville de France est tout le temps mouvementée.
Mais Adam n'en a plus grand chose à faire actuellement, car aujourd'hui est calme, il n'a plus besoin de se retenir, plus de préoccupation ou de regards le plantant dans le dos. Il n'y a plus de bruit, mais Adam ne se pose pas de questions, car pour lui, c'est bien mieux comme cela, et pour la première fois, il peut apprécier la vue. Admirer une beauté habituellement visible uniquement dans des cartes postales. Il était dans le centre-ville, plus précisément dans la longue avenue principale. Les trottoirs semblaient creusés à même les bâtiments supportés par des arches, près de la route et parcourant cette avenue. Au bout se situait une immense fontaine, avec des bâtiments en arc de cercle derrière. C'était l'équivalent des Champs-Élysées chez lui. Adam admirait cette avenue, par laquelle il passait d'habitude tête baissée pour aller chercher ses mangas, la foule caractéristique du lieu aspirant son énergie. Il pouvait enfin l'admirer, pleinement et dans toute sa splendeur. Il ressent même un certain sentiment de fierté, fier d'habiter dans un endroit aussi beau. Mais il ressent instantanément un pincement au cœur, car il n'aura probablement plus l'occasion d'être seul dans cet endroit.

Mais quelque chose clochait. Effectivement, il parvenait à admirer cette avenue. D'habitude, les regards des passants pesaient sur sa tête, le forçant à se courber. Il sort alors de son état d'admiration et se rend compte qu'il n'y a réellement plus personne. Pourtant les passants ne semblent pas s'être volatilisés. Adam part vers l'intersection la plus proche et voit des personnes partir, se tenant la tête et se bouchant les oreilles, comme si un cri strident et aigu retentissait. Cependant, Adam ne ressent rien, il n'entend rien. Mais dès qu'il enlève son casque, il se met à entendre un bourdonnement, directement dans son crâne, comme s'il y avait une ligne électrique à proximité, mais cela ne le gêne absolument pas, il faut même qu'il se concentre sur lui-même pour l'entendre et y prêter une véritable attention. Un simple bruit de fond en somme.

Un bruit sourd se fait alors entendre, puis un autre, et encore un, tous semblant provenir du même endroit. Ces bruits semblent être issu d'un combat. Adam se transforme alors en Lunar Clock puis court vers la source de ces bruits.

Ce combat est entre Fugo, et un autre garçon, du même âge qu'Adam. Il se bat avec une pistolame, avec une lame d'environ 80 cm. Il y a un barillet de six coups entre le manche, incliné contrairement à une épée mais avec un angle plus grand que pour un revolver classique, et une lame qui lui permet de tirer des balles, ou plutôt de les faire exploser. Ces balles peuvent être normales, produisant de simples explosions mais aussi d'autres possédant des charges magiques, qui libèrent de l'énergie élémentaire au moment de l'explosion. Par exemple, si une balle de glace est utilisée, l'explosion gèlera tout à sa portée. Comme cette arme est liée à son Doppelgänger, il n'a pas besoin de charger cette arme, l'utilisateur n'a qu'à penser à la balle qu'il désire utiliser pour qu'elle apparaisse dans le barillet. D'ailleurs, comme les balles sont tirées du barillet, il est tout à fait possible de faire exploser toutes les balles en même temps, pouvant donner lieu à des combinaisons pour le moins exotiques. Le garçon maniant cette arme porte une veste en cuir ouverte, un jean et des chaussures en cuir.
Fugo remarque Adam, qui hésite à rejoindre le combat, ne sachant pas s'il doit vraiment se battre avec quelqu'un d'autre, surtout après son précédent combat. Il hésite, encore et comme toujours. Il ne peut pas prendre de décision, toujours à peser le pour et le contre de chacune de ses actions.
Fugo lui hurle alors, après que son immense épée fusionnée se soit entrechoquée avec la pistolame de son adversaire :
- Qu'est-ce que tu attends ? Tu vois bien que j'ai besoin d'aide ! À moins que tu comptes encore fuir ?
Mais Adam n'avait plus son casque, et il entendait alors les pensées de l'autre personne, qui semblait hurler intérieurement : "Pourquoi est-ce qu'il y en a un autre maintenant ? Je veux pas qu'ils m'emmènent ! Ils vont aussi me prendre pour un monstre et me... J'en ai marre... Je ne suis pas corrompu ! Je ne suis pas un monstre ! Quand est-ce qu'ils vont comprendre ! Combien de fois je vais devoir me répéter ? Je crois qu'eux aussi en ont marre s'ils ont fini par m'envoyer une bête pareille qui refuse toute forme de conversation."

Mein DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant