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Busan - Centre-ville, 20h02

J'ai comme l'impression de m'être retrouvée dans une situation où je n'ai pas vraiment le choix. Je ne peux pas dire à ma collègue que je ne peux pas et ne veux pas le servir parce qu'il est au courant de plus gros de mes secrets. Et puis, je risquerais mon image en tant que serveuse si je refusais de me conformer aux demandes d'un client.

Je ne dis rien et prend une revigorante respiration avant de contourner ma collègue pour me rendre dans la salle principale. En même temps que je marche, je sors de la poche de mon tablier mon petit carnet.

Je refais donc mon entrée dans cette énorme pièce pleine de bruit et d'agitation et me dirige sans crier gare vers la table du noiraud, en évitant tout contact visuel avec lui. Et, même sans lever les yeux vers Jungkook, je sens la présence des siens sur moi pendant que je m'approche.

Il n'y a pas besoin d'être nerveuse Hena, tu n'as qu'à l'ignorer.

Je me trouve, après un court instant, debout face à lui. Il est étrangement silencieux, alors j'en profite pour ouvrir le bal avant que n'importe quel mot ne sorte de sa bouche.

« Vous désirez ? », dis-je le regard rivé sur la page vierge de mon carnet, un stylo en main.

« Une dispute avec tes parents donc tu as cherché un endroit où dormir. », répondit-il en me fixant.

« Pardon ? », répondis-je à mon tour, en levant dorénavant les yeux vers lui.

« C'est bien ce que tu as donné comme excuse le jour où tu t'es introduise chez nous, pas vrai ? », renchérit-il.

Il a la mémoire longue à ce que je vois.

« Effectivement, c'est ce que j'ai dis. », affirmais-je, un fébrile rictus approbateur sur mes lèvres.

Il ne dit rien et se redressa lentement sur sa chaise pour planter davantage son regard noir et aiguisé dans le mien.

« Ce jour-là, je n'y ai pas cru une seconde. Mais aujourd'hui, encore moins. », souffla-t-il en croisant ses mains devant son visage, les coudes posés sur la table.

Stop.

Il cherche à me déstabiliser pour que je crache le morceau et le pire, c'est que ça marche. Pourtant, je suis bel et bien décidée à ne laisser aucune justification sortir de ma bouche.

« Je vais reposer ma question : désirez-vous quelque chose ? », lançais-je, irritée par la tournure que prend la discussion.

Il sourit, probablement amusé de la manière que j'ai d'esquiver le sujet.

« Dans ce cas j'aimerais un plat de tteokbokki, suivit d'une explication claire et rapide. », répondit-il en s'enfonçant plus profondément dans mon regard, « C'est noté ? »

Ce n'est pas une demande, il exige que je lui explique la situation. Et il s'en fout de mon avis.

Même si je n'en n'ai aucune envie, je sais qu'il ne quittera pas le restaurant sans avoir eu ce qu'il voulait. J'aurais beau continuer de lui mentir, il finira tôt ou tard par découvrir la vérité. Si ce n'est pas déjà le cas.

Je note effectivement le plat que le noiraud vient de commander puis quitte rapidement la scène en lançant un bref et ironique « Tout de suite. » avant de sérieusement craquer. Il est tellement arrogant et sûr de lui que ça me fascine, et me donne tout autant envie de l'étriper. Ça me met hors de moi qu'il se permette de réclamer des explications, ce n'est pas comme si je lui devais quelque chose. Cependant, si les rôles étaient inversés, je suis certaine que j'aurais fait exactement la même chose. Donc je ne peux pas le blâmer, même si l'envie est là.

𝗖𝝝𝗡𝗧𝗥𝝝𝗟 || j.jkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant