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Busan - Hôpital St.Mary, 15h36

Sierra, ma soeur, dort profondément. Je ne m'habituerais jamais à la voir aussi pâle et maigre. Elle à littéralement la peau sur les os. Du fauteuil où je suis assise, je constate qu'elle a l'air plus épuisée que d'habitude.

Est-ce que je devrais m'inquiéter ?

Voir ma grande soeur dans cet état est la pire douleur au monde. Rien ne pourrait me faire plus mal.
Je scrute la pièce et remarque que son plateau-repas est toujours plein et les couverts toujours sous emballage.

« Tu n'as même pas pris la peine de manger. », dis-je doucement.

Je me lève de ma place habituelle et fait les cents pas dans la chambre. Je vérifie que tout est en ordre et bien rangé, qu'elle est toujours hospitalisé dans de bonnes conditions même si je sais que c'est le cas.
Je n'ai pas choisi cet hôpital à la légère.

Notre père est décédé il y a 10 ans maintenant d'un accident de voiture. Il est mort sur le coup. Je rêve plus que tout au monde de pouvoir effacer l'après-midi de ce 16 août 2012 de ma mémoire.

Nous étions très proches ma sœur, lui et moi. Malgré son travail très prenant, il s'assurait toujours de rentrer le soir pour dîner avec nous. Je sais qu'il faisait beaucoup d'efforts pour être un bon père et que les seuls moments qu'il avait pour lui, il les passait avec nous.

J'aimais la personne qu'était mon père.

Il était très influent dans la ville, très respecté de ses employés. Il ne nous a jamais réellement expliqué ce qu'il faisait mais il gagnait pas mal d'argent. En prenant du recul, je préfère ne pas savoir dans quoi il travaillait.

A son décès, mon père nous a laisser un important héritage. C'était au-delà de tout ce que je pouvais imaginer, une somme totalement démesurée. Je me demandais vraiment où est-ce qu'il avait pu cumuler tout cet argent.

Avec Sierra, nous avions préférez garder cette somme de côté en cas de réel problème. Comme des frais d'hospitalisation et un traitement qui coûtent la peau du cul dans le meilleur hôpital de la ville, par exemple.

''Quand on aime on ne compte pas''.

Et bien, je ne peux pas me permettre de perdre une autre personne qui m'est chère.

Je m'arrête devant la fenêtre de la chambre. Le soleil est vraiment fort aujourd'hui. Je baisse la tête et vois une ambulance arriver en trombe sur le parking. Les ambulanciers n'ont pas perdus de temps à faire sortir un jeune homme qui semblait vraiment mal en point de l'intérieur du véhicule.
Il y avait du sang, beaucoup de sang.

La vision de ces tâches écarlates me donne la nausée.
Au moment où je m'écarte de la fenêtre pour ne pas assister à ce spectacle, un petit bruit se fit entendre derrière moi.

« Qu'est-ce que t'as vu dehors ? », dit une petite voix cassée.

Je sursautai légèrement, ne m'attendant pas à ce qu'elle se réveille maintenant. Je revins rapidement m'installer sur le fauteuil près du lit et lui pris délicatement la main.

« Hé... t'es réveillé depuis longtemps ? », demandais-je, prise au dépourvu.

Elle rigola, puis toussa à ma question. Le moindre mouvement la faisait souffrir.

« Assez longtemps pour voir que t'as failli vomir ton petit-déjeuner par la fenêtre.

- Ce n'était rien. Comment tu te sens ? », dis-je d'une voix presque suppliante.