Chapitre 5

1 0 0
                                    

Après cet épisode, peu de choses changèrent. Nitura était le seul membre de sa famille à ne pas être avare en paroles avec moi. Je m'ennuyais beaucoup, je me faisais discrète lors des fêtes et lorsque l'on accueillait des invités, ce qui ne m'aidait pas à me faire des amis. Kirrogstag passait la plupart de son temps dans son bureau. J'avais essayé de me rendre utile, mais lui comme son père avait refusé de me donner du travail. Je me retrouvai donc avec comme seule compagnie ma femme de chambre. Elle se montra très intéressée par Asaçbjörn. Je lui racontai donc nos traditions et des anecdotes de notre famille. Elle m'écoutait attentivement. Malgré cette relation proche qu'elle entretenait avec le prince et qui tordait mon ventre, je ne pouvais que l'apprécier. Deux jours lui avaient suffi pour décoder les expressions de mon visage et savoir quand je me sentais mal. Ce ne fut qu'après coup que je réalisai toutes les actions mises en place pour me réconforter.

Aujourd'hui était un jour pluvieux, j'étais d'humeur morne. Mes parents et mes frères me manquaient terriblement et je n'avais aucune activité pour me distraire. Assise sur le canapé, je vis Nemy. Je l'arrêtai.

—Nemy, pourrais-tu me parler de ta relation avec Kirrogstag ? Vous avez l'air très proche.

—Proche ? s'étonna-t-elle. Non, nous ne le sommes pas tant que cela. Qu'est-ce qui vous fait penser cela, princesse ?

Je gardai le silence. La direction que prenait cette conversation me gênait. J'avais l'impression que j'étais en train d'avouer que j'étais jalouse. Bien sûr, ça ne me plaisait pas. Je lui révélai finalement que je le trouvais très tactile avec elle.

—Oh ! Vous savez, princesse Adria, à Gortthorn, nous apprécions les contacts physiques. Le prince est tactile avec tout le monde.

—Kirrogstag se préoccupe beaucoup de votre situation.

—En fait, il y a six mois, j'ai perdu mon père. Ma famille était très dépendante de son salaire. Le prince Kirrogstag nous aide parce qu'il se sent redevable. Il dit que mon père lui a évité de faire une mauvaise chute lors d'une mission dans les montagnes, mais qu'ils ont perdu l'équilibre et mon père a percuté violemment le sol. Il a été ausculté, ça s'est avéré plus grave que ce que le médecin nous avait dit. C'est pour cette raison que le prince ma donné cette place de travail. Il était prêt à nous verser le salaire de mon père sans condition, mais cela me semblait injuste.

Il y eut instant de silence.

—S'il vous plaît, princesse Adria, ne vous méprenez pas sur les sentiments de votre mari. Il tient beaucoup à vous.

Je ne pouvais pas la croire. Elle disait que Kirrogstag était tactile, c'était vrai, sauf avec moi. Les seules fois où nos peaux se touchaient étaient lorsque nous entrions à une fête ou autres cérémonies. Malgré tout, les paroles de ma femme de chambre avaient planté un espoir en moi.

Un mois de plus et j'eus pris mes marques. Nemy et moi étions devenues proches. Je lui rappelais quotidiennement combien j'étais reconnaissante de l'avoir à mes côtés. Les Neulkahn n'étaient pas froids avec moi, ils se comportaient correctement à mon égard (même le roi, après avoir digéré l'affront). Ce n'était pas pour autant que je me sentais comme un membre de leur famille. Nitura ne m'épargnait pas de son attitude de filtreur, son jumeau ne réagissait pas et enfin, leur père me traitait comme une convive. Une invitée de marque, mais une invitée tout de même. Je n'étais jamais mise au courant des affaires d'État. Les seules informations que j'obtenais étaient celles que les trois hommes échangeaient en ma présence. Autant dire, rien de très important. Nemy était donc la seule que je considérais comme une amie.

—J'aimerais de faire de Nemy ma dame de compagnie.

Kirrogstag haussa les sourcils à mes mots. Nous étions installés dans notre salon, il lisait des documents.

Les routes du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant