Yuniss accepta mon marché. Je lui ordonnai immédiatement de m'indiquer la localisation de la base de la Légion, prête à engager la bataille. Il m'opposa des réticences, c'était trop dangereux, je précipitais trop les choses. Je n'étais pas heureuse, mais je finis par écouter ses conseils. Pour le moment, nous nous contenterions d'observer. Sinkahn fut donc le seul à faire partie de notre expédition. La L.A. avait installé son quartier général sous les ruines d'un château. Sans l'aide de Yuniss, je n'aurais jamais soupçonné que quelque chose se cachait entre ces vieilles pierres. Mon lieutenant et moi pensâmes directement au premier problème auquel nous aurions à faire face : impossible d'apprendre quoi que ce soit sur leurs habitudes et mouvements. La seule solution était de s'introduire dans les galeries avec notre armée et prier les Dieux de gagner. C'était bien trop hasardeux pour être envisageable. Yuniss nous assura que la seconde entrée ne nous ouvrait pas davantage de possibilités. Puisqu'il n'était pas retourné après sa dernière mission comme il en avait été convenu, les membres de la Légion se méfieraient si nous l'envoyions à l'intérieur, impossible de faire de lui notre espion. Nous retournâmes à Seiweledèr, les espoirs qui s'étaient construits la veille s'effondrèrent. Je passai le reste de ma journée enfermée dans le bureau, touchant à peine aux repas qu'on m'apportait. La nuit était tombée et je n'avais toujours aucune idée de mon plan d'attaque.
Des chasseurs passèrent sous mes fenêtres, leurs prises sur les épaules. L'un deux se vanta d'avoir réussi à attraper un renard, il se réjouissait de s'en faire un bon manteau pour cet hiver. Je détestais les renards, ils étaient fourbes. Comme cette foutue Légion. Je retournai m'affaler sur mon siège.
C'était exactement ça ! Ils étaient des renards et nous allions les traiter comme tels. Je me précipitai dans le bureau du lieutenant.
—Demain, nous allons chasser du renard ! déclarai-je en ouvrant la porte sans prendre la peine de frapper.
Sinkahn écarquilla les yeux, aussi surpris par mes propos que mon entrée.
—Chachasser des renards ?
—Oui ! On dit que ces sales bêtes sont intelligentes, pourtant, si on utilise la bonne méthode, ce n'est pas difficile de les tuer. Sinkahn, savez-vous comment on chasse les renards ?
—Oui, on enfume leur terrier.
—Exactement ! C'est ce qu'on va faire avec la Légion. Demain, nous la ferons sortir de son trou, nous les attendrons devant leurs sorties, il nous restera plus qu'à les cueillir.
—Daccord, mais comment comptez-vous allumer des feux ? En supposant que l'on trouve du bois sec, il faut encore que la fumée les alerte.
—Nous allumerons un feu dans leur première galerie, puis refermerons le trou de sortie. Quant au bois, je pense que nous aurons suffisamment de réserve pour commencer notre foyer. N'avez-vous jamais appris que le meilleur moyen de produire de la fumée était du bois fraîchement coupé ? Nous ne manquons pas de résineux dans la région, nous ne pouvions demander mieux !
Nous nous répartîmes les tâches. Je savais que nous n'avions qu'une seule chance. Sans l'effet de surprise, cela serait encore plus difficile de les attraper, sans compter que Yuniss ne pourrait plus nous aider si la Légion changeait de repère. Je n'étais pas non plus sûr que nous parviendrions à contrer l'une de ses attaques. Elle n'oserait certainement pas un combat frontal, notre supériorité numérique nous en prévenait. Mais cela faisait des mois qu'elle nous menait par le bout du nez en tuant des habitants de Seiweledèr.
Le bois enfin chargé, nous nous mîmes en route, le soleil en rougeoyant sur les plaines. J'envoyai le lieutenant Sinkahn à la première entrée, c'était à son groupe de s'occuper du feu. Quant à moi, je me laissai conduire par mon cousin à la seconde sortie, là où nous accueillerions les fuyards. Je donnai mes ordres et mes hommes se cachèrent à la lisière de la forêt. Un signal sonore nous informa du bon déroulé de la première de notre plan. Yuniss m'avait raconté que les poutres prendraient rapidement feu à partir de notre foyer, empêchant la Légion d'éteindre notre feu. Je priai Degfinn pour qu'il dise vrai.
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Les routes du Nord
RomanceSuite à la fuite de sa cousine, Adria se retrouve obligée d'épouser le prince Kirrogstag Neulkahn dont elle n'a entendu que des histoires peu rassurantes. Alors qu'Adria s'efforce de faire sa place dans son nouveau pays, son beau-père ordonne au je...