Chapitre 10

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La réalité me rattrapa bien vite. Shax nous prédit une semaine de beau temps, idéal pour voyager. Mes cousins et moi partirions donc le lendemain matin. Nous ne disposions que de quelques heures pour faire nos adieux et faire nos bagages. Kirrogstag s'excusa de ne pas pouvoir se joindre à nous. Son père lui avait donné des tâches supplémentaires afin que Kyealetht commence sur de bonnes bases son voyage en tant que pays indépendant.

Dans la cour du manoir, je chargeai mon dernier sac sur ma monture. Nemy s'approcha, j'aurais aimé qu'elle reste à mes côtés, mais il y avait encore du travail à terminer ici. Je me tournai vers Kirrogstag.

—Nous nous reverrons à Uhrutahm, dis-je en montant sur mon cheval.

—Faites attention à vous, Adria. Faites attention sur les routes.

Je hochai la tête et talonnai ma monture. Je fis une halte devant le centre d'entraînement afin de me joindre au cortège qui m'accompagnerait. Les limites de la ville de Seiweledèr disparurent rapidement, elle allait me manquer.

Le voyage était encore plus long que celui que j'avais effectué après mon mariage puisque je partais non pas d'Uhrutahm, mais de Kyealetht. Pourtant, il passa tellement rapidement. J'appris à connaître l'homme qu'était devenu Yuniss, je n'adhérais pas à tous les propos de Callie, cela ne m'empêchait pas de l'apprécier. Nous arrivâmes à l'entrée de la vallée de Feu. Le souvenir de Kirrogstag me faisant découvrir le magnifique spectacle du lever de soleil traversa ma mémoire. Cétait amer et doux. Nous sommes devenus plus proches dans les mois qui suivirent, j'étais tombée amoureuse et il m'avait repoussée.

Nous poursuivîmes notre route. La période de solitude ne faisait que commencer. Plus de village en vue pour les prochaines semaines. Je traversais ces terres avec un tout autre sentiment que la première fois. Je m'étais ennuyée dans ces paysages, parce que je ne les considérais alors que comme un pays étranger. Aujourd'hui, je les voyais d'un autre il.

Enfin, à la fin du printemps, nous entrâmes dans la capitale. La rumeur de mon retour avait déjà traversé le royaume. Nous eûmes droit à un accueil chaleureux au palais. Les gardes aux abords de la ville avaient envoyé un messager prévenir la famille royale, lorsque notre cortège entra dans la cour, elle se tenait en haut des marches, au complet. Je reconnus également Péline aux côtés de son frère aîné. Je sautai de ma monture et me précipitai dans les bras de ma mère.

—Bienvenue chez toi, Adria ! me dit-elle.

Mes retrouvailles terminées, je présentai Yuniss et Callie. Ils demandèrent immédiatement à voir leur mère. Notre oncle leur proposa de prendre d'abord un repas, se reposer. Leur refus était sans appel. Je pris les devants et les conduisit à tante Nisc. Fortement traumatisée par sa perte, ma tante n'assistait plus aux cérémonies officielles, elle préférait rester seule dans son jardin intérieur. Je demandai à mes deux cousins d'attendre un instant à l'extérieur, ils protestèrent, mais j'y coupai court.

—Bonjour tante Nisc ! saluai-je d'un ton enjoué.

La femme était assise à une table, buvant un thé. Elle se tourna au son de ma voie et me sourit.

—Bonjour, Adria. Cela fait un moment que tu ne m'as pas rendu visite.

—Je me suis mariée, tu te souviens ? Je suis venue te dire au revoir la veille de mon départ. Je vis maintenant dans le royaume de Gortthorn.

—Ah bon.

Je ne m'étonnai pas qu'elle ne s'en souvienne pas, elle avait tendance à oublier pas mal de choses. Je la regardai prendre une gorgée de sa boisson, je priai Degfinn pour que son état s'améliore lorsqu'elle retrouverait ses enfants.

Les routes du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant