Chapitre 7

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Je n'eus pas le temps de paniquer, les mots de ce cavalier avaient commencé à faire leur effet.

—C'est de sa faute ! s'emporta Callie, la seconde fille Weller repliée sur le corps inerte. Ma sur est morte à cause de la princesse Adria et de ses partisans ! Je la regardai, figée, n'en croyant pas mes oreilles. Autour de moi, les gens me lançaient de regard méfiant. Je n'étais pas la seule visée. En vérité, la foule entière se jetait des regards de défiance. Les querelles Asaçbjörn-Gortthorn avaient repris de plus belle.

—Madame, me dit un soldat en me saisissant le bras, vous feriez mieux de vous mettre à l'abri.

Une escorte me conduisit à l'intérieur du centre d'entraînement. On m'apporta un verre d'eau. J'avais les mains tremblantes, jusque-là, je ne l'avais même pas remarqué. Je m'assis sur une chaise et attendis. Les images de Mirajil, de sa soeur en larme, de Kirrogstag partant sans réfléchir à la dangerosité de ses actes et celles de la foule devenue méfiante me hantaient.

—Adria ?! Est-ce que vous allez bien ? demanda Nemy.

—Nous ne pouvons pas vous laisser passer, mademoiselle, répondit froidement un garde en lui barrant le passage.

Ma dame de compagnie s'énerva, lui cracha qu'il n'avait pas le droit de l'empêcher de venir me voir. Je demandai à l'homme de lui libérer le passage avant qu'elle nen vienne aux mains. Nemy jeta un regard noir avant de venir s'accroupir devant moi et me caressa les bras. Aucune de nous ne parla jusqu'à ce qu'on m'informe que les soldats partis à la recherche de Kirrogstag étaient de retour, bredouilles.

—Nemy, murmurai-je, Nemy, il est parti et ne reviendra plus. Il ne reviendra plus. Nemy, Kirrogstag ne re

—Adria ! m'interrompit-elle. Venez, il faut que vous vous reposiez.

Je me laissai faire. Ma dame de compagnie m'amena dans notre manoir, les rues étaient encore agitées. Des soldats s'efforçaient de renvoyer les gens chez eux. Nemy emprunta des passages peu fréquentés, ce n'était pas le chemin le plus rapide, je ne dis rien, trop bouleversée par les événements impromptus. Dans ma chambre, mon amie défit ma robe et m'installa dans mon lit, tira les rideaux. Je fus incapable de rester éveillée.

Je ne me levai que le lendemain matin, reposée, mais inquiète de ce que j'allais apprendre dans la journée. Le cuisinier m'apporta mon petit-déjeuner et Nemy me força à le terminer avant que l'on rejoigne le bureau de Kirrogstag. Dans les rues, je vis des gens faire demi-tour en m'apercevant, d'autres avaient de gros sacs au dos, des charrettes pleines.

—Quest-ce qu'il se passe ? demandai-je.

—Depuis l'aurore des familles quittent Seiweledèr, m'expliqua Nemy.

—Ils sont fous ! L'hiver a débuté ! Ils mourront de froid et de faim avant d'avoir atteint la prochaine ville !

Je me précipitai vers une femme, essayant de la convaincre de rester. Elle m'ignora complètement. Ne prenant même pas la peine de me parler ou de me regarder. Je tentai de poser une main sur son bras, mais elle s'écarta, faisant mine de ramasser son sac à terre. La mère ne désirait pas que je l'approche, mais n'osait manifestement pas me le dire, craignant sans doute une punition si elle se permettait de hausser le ton contre un membre de la royauté, cela me fit mal. Dans le bureau, je m'affalai sur la chaise, déjà épuisée par les épreuves à venir. Les Gortthornais déguerpissaient, la plupart d'entre eux devaient s'être ralliés à Callie Weller.

—Nemy, réponds-moi sincèrement, s'il te plaît. Est-ce que tu penses aussi que je suis responsable de ces morts ?

—Ne dites pas n'importe quoi, Adria ! Ces gens sont des fous. Tout ce qui les intéresse c'est le pouvoir. Contrôler Kyealetht représente un grand pouvoir économique et politique. Je ne serais pas étonnée que ces soi-disant serviteurs d'Asaçbjörn ne rendent pas sa souveraineté à votre oncle. L'accord qu'il a passé avec le prince Kirrogstag ne doit être qu'une excuse pour rallier la population à leur cause.

Les routes du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant