Les réactions des deux elfs étaient semblables. Pourtant, Tendron su les différencier : le dédain pour la meneuse, l'impassibilité pour la combattante aguerrie. Cela prouva à la Première qu'elle avait vu juste ; la meneuse n'était pas une elf sans faille. Au contraire, sa place au sein de son espèce a dû la changer au fil des années. Plusieurs solutions s'imposèrent rapidement à Tendron.
La première était d'adopter une attitude provocatrice, qui pousserait Mademoiselle Dédain à faire de petites erreurs de placement. Cela semblait risqué, surtout qu'elles étaient encore deux. La deuxième était de proposer un duel. Mais ce serait sous-estimer l'intelligence de leur race, et surestimer les aptitudes au combat régulier de Tendron. La troisième et dernière possibilité était tout simplement de se faire passer pour une très mauvaise guerrière, ce qui était très loin de la réalité.
C'est ainsi que Tendron se mit en garde avec la hache qui était à sa ceinture. Cependant, sa garde était trop basse, et l'arme trop loin de son corps. Elle savait que les elfs le remarqueraient. Même si c'était une stratégie réfléchie, elle sentit que les muscles de ses bras ne tiendraient pas longtemps dans cette position. Elle devait néanmoins attendre. C'était la seule solution pour réussir l'Epreuve.
La fille des bois avait eu l'effet de surprise sur deux de mes compagnes. Mais elles étaient en apprentissage, jamais Jenifaël et moi ne nous serions fait avoir. Sans un regard, la position de combat sorea ujinieï fut adoptée. Comme une seule entité, elles s'apprêtaient à fondre sur l'intruse. Je la vis alors tenir maladroitement sa hache trop lourde pour elle. Ce n'était pas une combattante. J'en ai vu des guerrières depuis ma floraison, or ici ce n'était qu'une folle tenant une arme sans savoir quoi en faire. D'un geste, j'arrêtai Jenifaël et m'apprêtai à apprendre la vie à cette petite insolente.
D'un mouvement fluide, je lui assénai un coup circulaire qui atteint son visage laissant une estafilade sanguinolente sur sa joue gauche. La folle a tenté de parer mais n'a clairement pas la vitesse et la technique de combat pour m'arrêter. C'est sur ces pensées que je sentis une brûlure reconnaissable entre mille naître à ma hanche. Alors que la sève de mon être supérieur commença à s'écouler lentement à l'air libre, je vis que sa tentative pour parer mon agëo n'était qu'en fait une diversion pour lâcher son arme de sa main droite et prendre une simple lame émoussée. Je n'ai d'ailleurs même pas vu d'où elle venait.
J'ai déjà pris des coup, et j'ai toujours su me reprendre et continuer le combat. Ce n'est pas aujourd'hui que cela changera. Maintenant je suis sur mes gardes, et j'attends la prochaine attaque de mon adversaire. Cette attaque ne vint pas, elle me regardait simplement en arborant son air suffisant. Jenifaël tenta de communiquer avec moi mais mes oreilles bourdonnaient trop pour l'entendre. J'ai beaucoup de respect pour cette grande guerrière, mais elle va devoir respecter sa hiérarchie. C'était devenu une affaire personnelle entre cette effrontée et moi.
Je relançai donc des attaques dans la danse du higawa. J'enchainai coups d'estoc, feintes et parades ne me mettant jamais à portée de mon adversaire. Le frisson du combat me transportait et, malgré la blessure, mes mouvements restaient calmes et précis. La fille de la forêts montrait maintenant une technique de combat bien rodée et se montrait une adversaire coriace, mais aucun humain ne saurait survivre à une danse du higawa parfaitement exécutée.
Mon plan se déroulait à merveille. Une elf aussi confiante tomberait forcément dans le panneau, c'était évident. Leur arrogance finira par les perdre... ainsi que leur intégrité. Je voyais déjà des gouttes de sueur perler sur son front pâle. Les elfs sont toujours trop investis émotionnellement dans les actions qui les rapprocheraient de la nature. Je ne comprendrai jamais les similitudes qu'ils trouvent entre se battre avec une épée et parler aux arbres. Ridicule. Toujours est-il qu'elle commençait à montrer des signes de fatigue. Moi aussi je fatiguais mais c'était lié au poids de ma hache. Elle, c'était lié au poison qui se rapprochait inexorablement de son cœur. Mon adversaire s'arrêta prenant soudain une grande inspiration, cherchant à inspirer le plus d'air possible... Avant que les poumons de cet être sylvestre ne soient entièrement remplis, telle une peau humaine encore chaude que nous venions de tanner sur une victime encore chaude, il s'écroula. Plus qu'une.
Tendron se mit dans la peau de la proie du Gluant.
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Le mal et sa banalité
FantasyLa noirceur des personnages va commencer par vous faire frémir... Mais vous finirez pas les comprendre, et même par être d'accord avec leurs faits et gestes. Ne vous en voulez pas trop. Mais gardez tout de même ceci à l'esprit : ce n'est pas la doul...