Il faisait noir. Je ne le remarquais même plus. Cela faisait maintenant 2 nuitées entières que je ne dormais pas. J'entendais maintenant clairement chaque bruissement de feuille, chaque craquement des arbres qui m'entouraient, chaque cliquètement des armures des chevaliers à 5 miles à la ronde. Mes sens étaient enfin aiguisés tel des rasoirs. De mêmes que mes poignards. J'étais fin prête à passer l'épreuve finale et à devenir la première Gaupe à la réussir. Il le fallait. Pour le Magnifique Seigneur de l'Ombre. Je ne devais pas le décevoir. Je ne pouvais pas.
Au début, je ne lui obéissais pas toujours. Je ne voyais pas l'utilité de tout ceci. J'étais toujours la première à essayer de tricher aux entrainements. Mais, à chaque fois, l'Ombre elle-même me happait et me faisait subir des châtiments. Ces châtiments étaient exaltants. Quel plaisir de ressentir la froideur du métal contre sa peau, de voir du sang couler de sa propre chair... J'ai commencé à y prendre goût. Peut-être un peu trop... Un jour, le Maître m'a pris à part et m'a fait subir une toute nouvelle forme de châtiment. Il m'a dit que c'était un niveau auquel il ne voulait pas arriver. Au début je ne comprenais pas pourquoi. Il y avait toujours la douleur, le sang et la brutalité bestiale dans ce châtiment. C'est vrai qu'il n'y avait pas de métal, mais la douleur était identique... Qu'est ce qui était réellement censé changer ? C'est alors que je regardai ses yeux, et, lorsqu'il pénétra une énième fois en moi, je vis une ombre passer devant ses yeux habituellement froids et distants. Je décelai alors pour la première fois depuis les années que j'étais ici une émotion dans le regard de celui qu'à présent je vénérais : le regret.
Depuis ce jour-là, je m'étais juré de me faire pardonner et de le rendre fier de moi. Afin qu'il comprenne que ce châtiment était nécessaire. Qu'il avait raison de le faire. J'avais été une méchante fille. Plus jamais je ne le décevrai.
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Le mal et sa banalité
FantasyLa noirceur des personnages va commencer par vous faire frémir... Mais vous finirez pas les comprendre, et même par être d'accord avec leurs faits et gestes. Ne vous en voulez pas trop. Mais gardez tout de même ceci à l'esprit : ce n'est pas la doul...