Le mal et sa banalité

Chapitre 7 : L'insolence

C'était l'effervescence au premier rassemblement de la journée. Toutes les Gaupes attendaient avec impatience des nouvelles de leur Première. C'était une des seules Gaupes pour lesquelles la place dans leur hourraillis était fixe. Cela faisait maintenant plusieurs lunées complètes qu'elle ne s'était pas faite défiée. Cela forçait une légère admiration de la part de ses semblables, mais surtout un travail plus acharné de chacune d'elle. La jalousie est un moteur bien plus puissant que la punition, mais il reste bien plus complexe à mettre en place.

C'est alors, que comme à son habitude, Le Magnifique Seigneur de l'Ombre se dévoila au milieu d'entre elles. Cela n'aura de cesse de les surprendre, néanmoins, elles savaient à présent garder leurs émotions pour elles... Du moins la plupart. Dernière laissa échapper un petit cri de surprise, ce qui agaça l'Ombre. Elle n'était arrivée que 3 lunées auparavant, il lui restait encore beaucoup à apprendre.

Le Maitre pris la parole lorsque chacune de ses Gaupes se fut prosterné devant lui :

- Pour la première journée de sa Semaine de la Terreur, la Première a dû faire face à six Hobgobelins.

Des murmures montèrent de toute part. Les Gaupes raillaient ces êtres si faciles à berner. L'Ombre attendit que cela se calme avant de reprendre :

- Maintenant qu'elle a passé la première Épreuve avec succès, nous attendons de la première qu'elle aille jusqu'au bout. Sinon, elle sera reniée et bannie à jamais.

Un silence de mort se fit dans le rassemblement. Elles étaient toutes au courant de cette possibilité. Cette ombre planait au-dessus d'elles. Mais elles devront se montrer suffisamment fortes pour l'affronter. Comme le fait Première en cet instant même.

- Bien, maintenant que cette annonce est terminée, vous allez toutes transporter le poids de l'insolence.

Elles savaient pourtant qu'il ne fallait jamais couper la parole au Seigneur. Elles devraient maintenant chacune transporter leurs dix pierres de cinquante kilos sur les cinq kilomètres que compte le parcours en pleine forêt. Elles étaient libres de décider en combien de voyage elles feraient passer leurs pierres de l'autre côté. Mais, afin de s'exposer au poids de la honte, elles devraient toutes faire cette tâche entièrement nues.

- Quant à toi, Dernière, lorsque tu auras fini avec le poids de ton insolence, nous pourrons jouer au Gluant et à la souris.