• Chapitre 5 •

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Lisa

« Lisa... ils... ils sont revenus.... »

Mes yeux s'écarquillent et mon sang commence à bouillonner.

Pas encore.

« Comment ça ? Qu'est ce qu'ils ont fait ? »

Ma mère prend une respiration tremblante et retourne la caméra.

J'aperçois le salon de ma maison d'enfance.
Celle que je n'ai pas vu depuis ce jour.
Celui où il est mort.

Cependant, le salon est sens dessus-dessous.

Le canapé est retourné, la petite télévision écrasée au sol, les coussins éventrés, la table à manger cassée.

Ma mère avance et arrive à la cuisine ou tous les tiroirs sont ouverts et où les couteaux sont tous étalés à côté de l'évier.

Elle arrive devant l'entrée et je vois que la porte d'entrée et trouée au centre. Un trou de la taille d'un poing.
Elle est également à côté de son emplacement, montrant qu'elle a été arraché de l'encadrement.

J'aperçois à travers les pixels de l'appel vidéo que de petits trous sont visibles dans la porte.
Des trous de la taille d'une... balle.

« Maman.. »

Elle retourne l'écran et je m'aperçois qu'elle pleure à nouveau.

« Ils sont entrés en défonçant la porte. Ils ont tiré dans la porte et je me suis jetée à terre. Ils étaient quatre et ils étaient costauds. »

Je serre des dents tellement fort que j'ai l'impression qu'elles vont se casser.

« Ils se sont approchés de moi et m'ont ligoté et mise dans un coin du salon. Ils ont tout retourné dans la maison. Ils tiraient dans les murs, ils jetaient les objets par terre. Heureusement que les photos de famille sont dans la chambre. Ils ne sont pas allés jusque là. »

Elle respire fortement et je la vois regarder à droite et à gauche, comme si elle s'assurait que personne n'était là.

« Ils m'ont détaché et m'ont dis que la prochaine fois qu'on ne payait pas les intérêts à temps, ils feraient la même chose mais que j'irais rejoindre ton père. »

Elle lâche un sanglot et je me retiens de faire la même chose.

Depuis plusieurs années, je ne pleure plus.
Je ne pleure plus car quelqu'un doit le faire.
Et que ma mère est trop faible pour ça.

« J'ai tellement peur qu'ils reviennent Lisa. Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai même plus de porte d'entrée ! »

« Shhh, calme toi maman. Respire, s'il te plaît. »

Elle obtempère et je reprends la parole.

« Avec mon nouveau boulot ainsi que le tien, on en a plus que pour 6 mois, intérêts compris. J'ai de l'argent de côté et quand tout sera fini, tu rejoindras Abby aux-»

« Non ! Ne sacrifie pas tes économies pour-»

« Ne finis pas ta phrase maman. C'est bon, c'est prévu et ça sera comme ça. Rien de bon ne t'attend dans cette ville et cette maison renferme trop de mauvais souvenirs, pour toi comme pour moi. Va te cacher dans la salle de bain, au cas où, et je te rappelle dans 10 minutes avec une solution, d'accord ? »

Elle hoche la tête et je raccroche.

Je cherche dans mon répertoire le numéro de Yase et il répond à la première sonnerie.

Son crâne chauve s'affiche ainsi que ses oreilles percées.

« Yo sista, quoi de neuf ? »

Yase est mon ami d'enfance, mon frère.
Il a deux ans de plus que moi.
On a grandi ensemble, toujours fourrés l'un chez l'autre, dans notre petite banlieue défavorisée.
C'est le mec qui faisait mes lacets quand je ne savais pas les faire, qui soignait mes blessures et allait casser la gueule à ceux qui en étaient la cause.

L'amour est la plus forte des faiblesses Où les histoires vivent. Découvrez maintenant