L'amour est la plus forte des faiblesses

• Chapitre 16 •

Lisa

Je toque quelques fois à la porte, et soudain, Shin vient m'ouvrir.

Depuis que Sun m'a parlé de leur conversation, j'ai décidé d'aller parler à Shin.

Après tout, nous avons presque le même âge.

« Lisa ? Ça va ? Qu'est ce qui t'amène ? » demande-t-il, hésitant.

« Salut Shin. Je peux entrer 5 minutes ? »

Il hésite mais finit par ouvrir la porte en grand.

Il m'invite à entrer, et je le suis jusqu'à la table qui trône en plein milieu de son salon.

Il amène des petits biscuits et nous prenons chacun une chaise.

« Je peux t'aider ? » demande-t-il doucement.

Je prends une grande inspiration, prête à entrer dans le vif du sujet.

« Shin, je vais être honnête avec toi. Je suis au courant pour Gio et toi. Je suis aussi au courant de ta conversation avec Sun. »

Il blêmit mais je ne cesse de parler.

« Je ne suis pas là pour me mêler de tes affaires. Qui suis-je pour ça ? On n'a pas beaucoup eu l'occasion de discuter, toi et moi, mais je te connais quand même un peu. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me concerne pas, je veux simplement que tu saches que je peux être quelqu'un avec  qui tu peux parler en toute sincérité, d'accord ? »

Il hoche la tête, et je sens qu'il va changer de sujet, alors je continue.

« Je sais que tu tiens beaucoup à Gio, et d'après ce que j'ai compris, il t'a dit quelque chose qui t'as fait peur. Je sais aussi que quelque chose de ton passé influence tes actions du présent. Est-ce que tu veux en parler ? »

Il ancre son regard au mien, et je vois combien il est apeuré, combien il est stressé.
Je le sais, car j'ai été comme lui.

Quelqu'un de traumatisé par son passé.

« Je... euh... » commence-t-il.

« Si tu ne veux pas en parler, je peux tout à fait comprendre, et ce n'est absolument pas grave. On est vraiment pas obligé d'en parler si tu ne te sens pas prêt. Mais, ayant été dans ta situation, je te garantis que parler de ce qui nous a fait du mal, ça aide énormément à aller mieux. » je dis en lui caressant l'épaule et en lui souriant.

Il hoche la tête, et je suis fière de savoir qu'il est capable d'en parler.

Je suis fière de pouvoir être la personne que j'ai toujours cherché lorsque j'étais au plus bas.

Shin avale bruyamment sa salive, inspire un bon coup, et commence à parler.

« Quand j'étais petit, mon père nous a abandonné ma mère et moi. J'ai hurlé de toutes mes forces pour le retenir, j'ai tout fait pour qu'il reste, mais il m'a quand même abandonné. J'ai grandi avec une mère triste, qui m'a toujours accusé du départ de mon père, en disant que si je n'étais pas né, il serait resté. »

Je prends sa main dans la mienne pour qu'il sache que je suis là.

« Lorsque j'ai eu 16 ans, j'ai ramené mon copain de l'époque à la maison. J'étais heureux de présenter le garçon que j'aimais à ma mère. Mais elle n'a pas apprécié. Elle l'a viré de chez nous, puis elle m'a frappé en me forçant à admettre que l'homosexualité était une maladie. Elle a voulu me « soigner », mais comme je ne voulais pas, elle m'a abandonné. »

Il détourne le regard, et je caresse sa main doucement, comme le ferait une grande sœur.

« Elle est partie de la maison exactement comme mon père, en me hurlant à quel point j'étais la honte de sa vie, et que, si elle avait su, elle aurait avorté. Je me suis donc retrouvé seul, abandonné par mes parents, à l'âge de 16 ans. Mon copain de l'époque m'a quitté lui aussi, préférant éviter tout problème, et honnêtement, j'ai pensé à mourir. »