L'amour est la plus forte des faiblesses

• Chapitre 23 •

Sun

Je reste assis, les jambes en feu, après avoir fait les cents pas pendant une heure entière, devant le bloc opératoire.

Personne n'est entré ou sorti de cette pièce depuis que nous sommes arrivés.

Jae et les autres se relaient pour aller me chercher du café ou de la nourriture, mais comment pourrais-je manger quand l'amour de ma vie est entre la vie et la mort ?

Alors, depuis que je me suis calmé et que j'ai arrêté de marcher dans tous les sens, à me faire les pires scénarios, je me remémore simplement mes meilleurs souvenirs avec Lisa, espérant que ça m'aide à oublier.
À oublier que c'est peut être la dernière fois que je la vois.

Je me souviens de notre première rencontre.
De son regard de furie qui me transperçait.
De sa main dans la mienne quand nous avons dansé.
De ses doigts enlacés aux miens quand nous avons fui la boîte de nuit.
De ses lèvres collées aux miennes quand nous nous sommes embrassés.
De son corps contre le mien quand nous nous sommes unis.
Et de son parfum hantant mes vêtements des mois après l'avoir laissé.

Je me souviens de son arrivée à Welcome.
De mon soulagement de la revoir à mon énervement.
De sa main dans la mienne quand elle m'a dit bonjour.
De son sourire lorsqu'elle m'a fait comprendre qu'elle m'en voulait.
De son odeur envahissant mes narines à nouveau.
Et je me souviens du soulagement qui m'a habité quand j'ai enfin pu sentir son parfum.
Quand, enfin, je me suis senti chez moi.

Je me souviens de notre première confrontation.
De la lueur de vengeance qui brillait dans ses yeux.
Mais aussi de la tristesse qui s'y cachait.

Je me souviens de son premier jour.
De ma froideur à son égard.
De son amusement à mon égard.
Des piques qu'elle me lançait.
Des regards que nous nous adressions.
Et de ma facilité à me perdre dans le sien.

Je me souviens de la fois où nous avons dansé ensemble.
De sa robe rouge, lui allant si parfaitement.
De sa peur lorsque je lui ai dit qu'elle perdrait son boulot.
De sa malice lorsque nous avons dansé.
De mon cœur qui battait comme à fou à son contact.
Et je me souviens de sa gêne lorsqu'elle a compris que tout le monde nous avait vu nous regarder intensément.

Je me souviens de la première fois où nous avons mangé ensemble.
De la fois où j'ai compris qu'il fallait qu'elle reste dans ma vie.
De la promesse que j'ai fait de la ramener dans ce restaurant.

Je me souviens du jour où je l'ai trouvé sur le toit.
Le moment où je suis tombé encore plus amoureux d'elle.
Car oui, j'étais déjà amoureux d'elle.
Je refusais simplement de me l'avouer.

Je me souviens du jour où elle a fait un cauchemar.
De son corps tremblant contre le mien.
De ses larmes glissant dans mon cou.
Du moment où j'ai compris à quel point elle allait mal.

Je me souviens de ses lèvres sèches contre les miennes.
Et de mon envie irrémédiable de la reconstruire.

Je me souviens de la fois où elle m'a demandé ce que je ressentais pour elle.
De la fois où nous avons commencé à se fréquenter.
De la fois où j'ai compris que je ne pourrais jamais la laisser partir.
De la fois où je l'ai pourtant laissé partir.

Je me souviens de la fois où elle m'a écouté.
De la fois où elle m'a laissé pleuré dans ses bras.
De la fois où elle a accepté que je ne lui renvoie pas son « je t'aime ».

Et enfin, je me souviens du moment où j'ai pris conscience d'à quel point ce mot était précieux.
Et d'à quel point je ressentais le besoin de lui dire.

Et ce moment date d'il y a quelques heures.
C'est le moment où j'ai compris que je pouvais la perdre.
Car on ne se rend pas compte de la chance qu'on a d'avoir quelqu'un avant de le perdre.