Chapitre 28

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Je ne vais pas directement chez Andreï, je m'arrête au campement.

- Rejoins Katia, dis-je au Trappeur. Je te tiens au courant régulièrement. Si tu n'as pas de nouvelles, trouvez Spyke et quittez le pays.

- Non, ça, c'est hors de question, je viens avec toi.

Je me doutais qu'il allait dire ça. Entrer à deux dans l'antre du diable ne nous sauvera pas plus que si je suis seul. Je remets mon chargeur dans ma poche et je saisis mon sac à dos. C'est moi qui ai mêlé mes affaires personnelles à notre objectif initial, c'est à moi d'en assumer les conséquences.

- Greg, c'est un ordre.

Résigné et luttant contre sa volonté profonde, il me laisse sortir du van sans rien ajouter.

Je monte à l'avant de la voiture d'Olga, ignorant le visage pincé de ses gardes du corps. Très pâle, elle ne dit pas un mot. J'ordonne à Magda d'emprunter l'allée de la propriété et de se garer devant la maison.

- Tu n'as rien ? Tu vas bien ? je demande à Olga.

Elle hoche la tête en signe de confirmation, mais lorsque je l'aide à descendre de la voiture, sa démarche chancelante présuppose de son état de choc. Je sonne à la porte en la tenant par la main. C'est sa gouvernante qui ouvre, et ce qu'elle m'annonce ne me réjouit pas du tout : Andreï n'est pas chez lui. Je sens mes cheveux se dresser sur mon crâne. Je n'avais pas envisagé cette éventualité.

Devant mon air interdit, la domestique propose aimablement :

- Dois-je prévenir monsieur Tourgueniev que vous êtes ici ?

- Non, c'est bon, je vais le faire moi-même, dis-je en prenant mon téléphone.

Je préfère entendre Andreï de vive voix, cela me permettra de savoir à quoi m'en tenir avec lui. Il décroche très rapidement :

- Oui, Jack ?

Je lui explique la tentative d'assassinat sur Olga et l'aide que j'espérais en venant chez lui, il m'écoute sans m'interrompre. Lorsque j'ai terminé, il ne fait aucun commentaire, il se contente de me demander calmement :

- Ton amie est avec toi ?

- Oui.

Il échange quelques mots en aparté avec quelqu'un d'autre, puis il s'adresse de nouveau à moi :

- Martha va vous faire entrer. Miguel arrive tout de suite, réponds à ses questions. Je vous rejoins dès que je le peux.

Et il raccroche. Réponds à ses questions. Il est toujours temps de changer d'avis et de partir. Je pourrais fuir le Ceagrande, encore une fois, je pourrais cacher Olga à Faucon en attendant de trouver les responsables, mais je ne suis pas certain qu'elle accepterait. Je croise le regard concentré de Loreleï qui surveille attentivement les alentours. Magda et elle se sacrifieraient sans hésitation pour sauver la vie d'Olga, mais après ?

La porte s'ouvre en grand sur Martha et son sourire affable, qui nous invite à entrer d'un geste accueillant en annonçant :

- Monsieur Tourgueniev vous prie de bien vouloir l'excuser pour l'attente.

J'arrête de me torturer l'esprit et je passe le seuil, en gardant la main d'Olga serrée dans la mienne. Martha nous installe tous les quatre dans le salon. Olga, assise à ma gauche dans le grand canapé, ne me quitte pas des yeux alors je fais attention à ne pas laisser paraître mes craintes sur mon visage. J'envoie un message à Greg pour le tenir au courant.

- Andreï Tourgueniev, tu le connais bien ? me demande Olga à voix basse, dès que la gouvernante s'est éloignée.

- Suffisamment pour savoir qu'il peut te mettre en sécurité, je lui réponds sur le même ton.

Pour un peu d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant