Après la fermeture de son magasin, Tony vient nous retrouver et nous suivons son quatre - quatre noir jusque chez lui. Il n'y a pas loin à aller, il vit dans le village coincé entre la route et la colline, à environ une centaine de mètres derrière son commerce. Son terrain est entouré de murs pas très hauts, mais surmontés de fils barbelés dissuasifs, et clos par un portail hérissé de piques.
- Marchez bien dans l'allée, hein, nous dit-il en avançant vers la maison.
J'observe les alentours. Vu le fouillis de broussailles qui entoure le chemin de pierre, la raison de sa consigne n'est pas la crainte d'abîmer sa pelouse. Spyke m'adresse un coup d'oeil dubitatif pendant que Tony déverrouille les trois serrures de sa porte d'entrée : deux avec des clés, une avec un code.
Sitôt le seuil franchi, il nous tend une boîte :
- Vous pouvez laisser vos portables là-dedans, si ça ne vous dérange pas ?
C'est une façon grossière d'accueillir des invités, mais je donne le ton, et dépose mon téléphone dans le petit carton. De toute manière, il est vierge, il ne contient rien hormis les numéros des autres membres de l'équipe. Spyke fait de même, mais dès que Tony a le dos tourné, il me regarde en tapant son doigt sur sa tempe pour me signifier ce qu'il pense du comportement de notre hôte.
L'intérieur de sa maison ressemble à une annexe de son surplus, mais en beaucoup plus désordonné. Des sacs de matériel militaire et de denrées du quotidien de toutes sortes sont entreposés un peu partout. Même la table est occupée par je ne sais quoi en cours de bricolage. Les deux canapés, la table basse et le meuble de télévision sont les seuls espaces praticables.
Tony pose devant nous un pack de bière à moitié entamé. Nous nous servons tous avec un remerciement, sauf Katia qui ne boit pas une goutte d'alcool, mais il n'a pas l'idée de lui proposer autre chose.
- J'ai pas grand-chose à manger, fait-il en ouvrant un congélateur. Des pizzas, ça vous va ?
- C'est très bien, le rassure Greg.
Katia s'assied près de la table basse, en tailleur sur le carrelage, le dos droit et souple. Spyke et moi nous laissons tomber dans le plus grand canapé, et le Trappeur dans le deuxième. Vitaly s'apprête à se mettre à côté de lui, mais d'un claquement de doigts, Spyke lui indique que sa place est par terre.
Tony enfourne les pizzas, et revient dans le salon avec un gros paquet de chips - déjà ouvert lui aussi. Il s'installe dans le canapé à son tour, décapsule une bouteille, et sort de sa poche un paquet de tabac pour se rouler une cigarette. Je n'ai pas de temps à perdre, alors je lui demande :
- Greg a laissé entendre que tu pouvais avoir accès à des armes. C'est le cas ?
Il me regarde comme s'il essayait de lire dans mes pensées. Il tourne la tête vers son ami pour se rassurer sur mes intentions.
- Je lui ai dit que tu avais des tuyaux pour te procurer pas mal de matériel militaire, justifie Greg.
- T'as besoin de quoi ? C'est un peu compliqué, en ce moment, finit-il par me répondre.
- Du 9mm.
Il réfléchit en tirant sur sa cigarette avant d'ouvrir de nouveau la bouche :
- Des pistolets, ça je pourrai peut-être en avoir, oui. Peut-être. Et pas tout de suite. Mais dis-moi d'abord, qu'est-ce que vous venez faire au Ceagrande avec des flingues ?
- On va à Teneria.
- Pour ?
- Aider un ami.
- Qui ?
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Pour un peu d'or
AksiLes mirages de la Côte, les atrocités de la mafia, qui hantent à la fois ses cauchemars et ses fantasmes, Jack les a quittés il y a dix-sept ans en fuyant à des milliers de kilomètres. Il s'est établi dans les Terres Sauvages pour y faire fortune pl...