Chapitre 6 : Ombrage

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Chapitre 6 : Ombrage

La respiration haletante de deux être pouvaient se faire entendre. Tous deux enlacés, ils embrassaient ce relâchement de sérotonine avec douceur. Alya avait sa main sur son torse, et pensait à des tonnes de choses en même temps. Elle n'avait pas retiré de son esprit les évènements de la veille, et se surprit à se demander si le garçon était à présent en sécurité.

Un baiser vint chatouiller ses cheveux et elle soupira. Les câlins ne duraient jamais assez longtemps selon son compagnon, mais il ne fut pas surpris lorsqu'elle se leva et s'habilla, hâtive.

Il était pourtant habitué. Il savait qu'elle ne restait jamais, qu'elle n'était pas très tactile, mais il espérait à chaque fois qu'elle reste un peu plus longtemps, qu'elle l'embrasse, lui tienne la main. Qu'elle pose sa tête contre son torse et qu'elle le regarde avec admiration.

Rien de tout cela n'arrivait. Il n'osait s'avouer à quel point Alya lui faisait mal en ces moments.

Une fois rhabillée, elle se coucha sur son lit, dos à lui. Le regard d'Alya se perdit et elle entra dans un monde qu'elle seule pouvait connaitre, qu'elle seule pouvait franchir.

N'en ayant pas conscience, il enroula son bras autour de ses épaules, l'enlaçant en cuiller. Il profitait de l'odeur de ses cheveux, de la douceur de sa peau un peu plus longtemps, tandis qu'elle réfléchissait encore. Il semblait que son esprit ne s'arrêtait jamais, mais ces derniers temps, elle ne pensait qu'à des yeux verts.

Elle soupira enfin, chassant ses états d'âme.

– A quoi tu penses ? susurra la voix rauque de Léo Moody dans son oreille.

Alya répondit d'un haussement d'épaule.

– J'ai vu Neven hier, répondit-elle, comme s'il n'était rien.

Léo senti son estomac se resserrer et son cœur manquer un battement. Il ne s'attendait pas à cette réponse.

– Ah ?

Une curiosité morbide le consuma et une haine injustifiée s'intensifia pour ce garçon. Il ne le considérait pas, le sentant malingre, seul, et sans défense. Il prenait du plaisir à se moquer de lui, rire lorsqu'il répondait (bien ou mal) à une question d'un professeur, le bousculer dans les couloirs ou encore lui jeter ses bouquins par terre. Alya n'était pas au courant du harcèlement dont Neven était victime, encore moins de la part de son ami. Elle ne faisait que rarement attention au monde autour d'elle, ne voyant pas les choses devant son nez.

– Oui, il est venu chez moi. On a ce travail à faire en histoire, tu te souviens ?

Il acquiesça.

– Je pensais que tu n'avais pas envie de travailler avec lui, ajouta-t-il froidement. Comment ça s'est passé ?

– Bien.

Léo sentit une rage monter et le consumer subitement à l'entente de ce seul mot, sans en comprendre la raison. Pourquoi détestait-il ce garçon autant ? Uniquement parce que Alya avait bien travaillé avec lui ? Il savait très ce que ce seul mot pouvait signifier, il disait bien plus qu'elle ne voulait partager avec lui.

Il se demanda s'ils allaient devenir amis, si Neven allait lui voler cette femme qu'il aime plus que tout.

Il aimait Alya, de tout son cœur. Mais il savait que ce n'était pas réciproque, et il préférait vivre avec ces plaisirs ponctuels plutôt qu'avoir son cœur brisé en morceaux.

– Bien ? répéta-t-il, presque accusateur.

Sentant Alya se tendre à ce changement brutal de ton, il se senti quelque peu mal d'avoir transféré un peu de son mécontentement. Il n'appréciait pas la contrarier, encore moins avec des détails futiles, comme ce pauvre type.

AanorianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant