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TW : automutilation, suicide



Salut maman,

Je suis désolée. Parce qu'aujourd'hui c'est le dernier. Le dernier jour de ma vie. Car c'est aujourd'hui que j'ai mis fin à ma vie. C'est aujourd'hui que j'ai déchiré mes avant-bras avec une petite lame métallique. Comment si petit objet peut-il faire autant de dégâts ? Et je suis désolé maman, mais c'est aussi aujourd'hui que tu me retrouveras dans ma chambre, mon corps contre le sol taché de mon sang. Tu mettras quelques secondes à comprendre ce qui se passe, puis tu t'avanceras vers moi, lentement, videment. Tu feras attention à ne pas marcher sur le parquet sali. Des larmes silencieuses couleront sur tes joues pour se mélanger au liquide carmin. Tu te mettras à genoux devant moi, et même si tu sauras, tu essayeras de me réveiller, comme un espoir gardé. Tu secoueras mes épaules et sans réaction de ma part, tu prendras mon visage dans tes mains frêles. Tu me regarderas, tu verras mes joues imbibées de mes pleurs, mes mains d'un rouge séché, mes bras ouverts par un grand trait vertical sur chacun d'eux. Tu ne les verras plus blancs mais d'un rouge noirâtre. Tu resteras un moment dans cette position, à observer mon corps sans vie. Aucun sanglot n'éclatera mais des larmes tomberont, en signe d'incompréhension. Et lorsque tu regarderas mon corps, videment mais précisément, tu remarqueras que mon corps entier est couvert de traits plus ou moins effacés, anciennes et profondes. C'est à ce moment-là. C'est à ce moment-là que tu éclateras en sanglots comprenant que je me tue depuis des années. Tu examineras mes cicatrices, essayant de chercher une réponse.

Les jours suivants, tu m'enterreras.


-2020

saudadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant