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Lettre à mon âme sœur amicale,

Je t'ai écrit de nombreuses lettres. Certaines drôles, certaines belles, certaines intimes. Celle-ci sera la dernière lettre que je t'écrirai. Parce que c'est la fin. Et ça me fait mal, c'est horrible. D'une douleur indescriptible. Tu sais à quel point j'ai pu aimer certaines personnes dans ma vie, mais toi, c'était différent. C'était au-delà. Je n'ai jamais aimé comme ça. Je n'ai jamais aimé une personne comme ça. Comme toi. Jamais. La peur et l'admiration se mélangent dans cet amour. Merci d'être la personne que tu es, et merci pour tout ce que tu as fait. Désolé pour tout ce que j'ai fait.

Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne, comme je n'aimerai jamais personne. Et pour cela que j'ai de l'admiration envers nous. Parce qu'on est nous. N'est-ce pas incroyable ? Deux personnes qui souffrent, deux personnes comme nous, deux personnes qui s'aiment ainsi. Je trouve ceci incroyable, parce que tu vois, ce que l'on a est unique. Je ne parle pas de sentiments amoureux, ni d'une simple amitié. Je parle de complémentarité.

Peut-être devrais-je nommer ce recueil « A mille kilomètres de toi », car c'est là que tu seras. Ou peut-être écrirais-je un autre livre à ton nom. Et pour cela j'ai peur. Comment je fais pour vivre alors qu'une partie de moi ne sera plus là. Comment fait-on pour y arriver quand une partie de soi est à mille kilomètres ? Dis-moi chéri, comment fait-on pour supporter une absence quand on s'habitue à la présence ? Dis-moi chéri, comment je suis censé te dire au revoir alors que je n'en ai pas envie ? Comment arrive-t-on à aimer sa vie lorsqu'elle change si brutalement ?

Alors voilà, ce sera ma dernière lettre pour toi. Et bordel, je souffre. Les larmes ne suffisent plus. En fait, j'ai toujours cette idée qu'elles sont un peu superficielles tu vois ? Qu'elles sont là uniquement pour prouver physiquement que tu vas mal. Mais tu vois, j'ai un tel fossé en moi, que les larmes ont démissionné. Tout ce qui reste, c'est le vide. Parce que ce fossé a tout pris. Parfois, il arrive même à prendre mon air et j'étouffe.

Comment je fais pour y arriver, si tu n'es plus là ? Surtout, comment j'arrive à accepter que tu ne seras plus là ? Parce que je ne peux pas. Tout simplement, je n'y arriverais pas sans toi. Alors merci, d'avoir été mon monde pendant ces quelques années. Pardonne-moi d'avoir tant montré mon amour envers certaines personnes et moins envers toi, alors que tu es tellement plus que quiconque. Merci chéri, de m'avoir montré cette facette de l'amour, celle où on ne souffre pas.

Sauf là.

Mais on n'y peut rien. C'est parce qu'on s'aime qu'on a mal, et pas parce qu'on se rejette. Et c'est totalement différent, tu vois ? Parce qu'au moins, on s'est toujours aimé malgré tout. Parce qu'on compte l'un pour l'autre. Et je préfère cette souffrance ; elle est le témoin que quelque chose de beau ait existé.

C'était ma dernière lettre pour toi, écrite avec regret et amertume, d'un amour que l'on gâche trop tôt.

Et bordel je t'aime.


-le 07/07/22

saudadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant