La Rose noire

129 20 14
                                    

La rose noire naquit dans un champ.

Dans ce champ, beaucoup de roses naquirent.

Des roses, rouges.

Toutes belles, d'une perfection qui frisait l'inimaginable.

Le champ était célèbre pour sa beauté, et les légendes qui courraient autour.

Régulièrement, des gens,

De la ville ou de la campagne.

Riches ou pauvres.

Surtout amoureux,

Souvent.

Ils venaient, cueillaient des roses et s'en allaient.

Il est utile de préciser qu'ils ne prenaient que des roses rouges.

Toujours.

La rose noire demeurait seule.

Les gens sans se douter qu'une simple rose puisse avoir une conscience se moquaient d'elle.

Pourtant la rose noire en avait une,

Elle était différente.

Son apparence différait avec la normalité.

Les roses rouges n'étaient elles pas elles aussi différentes?

Si mais dans un sens,

Elles était magnifiquement trop parfaite et semblaient sortir d'un univers merveilleux.

Quant à la rose noire,

Elle était simplement de mauvaise augure, poussant droit des enfers.

Que l'esprit humain est étriqué.

Les roses, ici, vieillissaient lentement.

Lentement ne veut pas dire pas du tout.

Au bout d'un temps, qui sembla être une éternité, les roses flétrirent.

Toutes.

Toutes, sauf une.

La noire paraissait, elle, éternelle.

Dans le champ, seule la rose noire demeura.

Plus personne ne vint.

La rose, considérée comme une malédiction, ne fut pas cueillit, ni arrachée.

Un jour, enfin, des pleurs se firent entendre dans la plaine rongée par le silence.

Une femme, vêtue de noir, elle aurait put être belle.

Si seulement son visage n'était pas rongé par la fatigue, la faim, la soif,

Mais surtout le désespoir et la tristesse.

Elle aperçue la rose noire, son visage s'illumina.

Elle la cueillit, la posa contre sa joue, versa une dernière larme et murmura:

"Douce rose, comme tu dois être seule et malheureuse ici...

Je le suis également, viens avec moi...

Je connais ton histoire, tes amies étaient différentes de toi,

mais tu les aimais, sûrement,

elles sont toutes parties,

et toi non,

je t'offre la paix,

si tu m'offre la mienne,

partons ensemble, la vie perdra ce gout amer..."

Ainsi la belle veuve et la rose s'endormirent au son des oiseaux,

En paix.

Aujourd'hui sûrement qu'elles dorment encore,

Mais qui oserais réveiller ces anges de la nuit?

Oserais-tu les réveiller?


[Été 2020]

En haut d'un arbre [Poèmes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant