Alter Ego (Tome 4) - La Compagne éternelle

Chapitre 24

Des rêves, il m'arrivait d'en faire. Les réaliser n'aurait eu aucun sens parce qu'ils ne représenteraient jamais qu'une distraction. Pas la réalité. Pourtant, en te rêvant parmi tous le chaos de ce territoire insensé, le désir de te voir surgir à mes côtés m'a envahi d'un insoupçonnable et bien peu prude désir.

Je n'ai su faire autrement que me rattacher à ce rêve au fil du temps. Je n'ai connu que toi et de te perdre...

Une main se glissa dans la mienne, Gabriel revenant de nulle part pour coller son corps au mienne, ne sachant que faire d'autre. La peur le dissuadait de m'échapper de nouveau. mon ange fait pour le Ciel s'évertuait à chuter pour seulement demeurer à mes côtés.

Ses doigts se glissèrent dans mes cheveux, ses yeux se fermèrent de liesse. Il l'enlaça, plongea son regard de nouveau grand ouvert dans mes yeux, cherchant quelque chose, réclamant un désir qu'on ne saurait illustrer de mots pudiques.

— Devrais-je te tenter, Lily ?

— Et te détourner de ton Père ? Gabriel, ne me tente pas, tu en perdrais ta joie.

— Te tenter deviendra bientôt mon passe-temps favori.

— Gabriel...

Mais les temps futurs ne nous annonçaient aucune forme de bonheur. Seulement du désespoir et de la terreur. J'avais attendu et aimé mon ange durant tant de millénaire. Aujourd'hui, alors que tout m'était offert, que ma vie s'éveillait d'espoir, l'Apocalypse annonçait son dessein mortel comme seul destin.

— Un monde de de ténèbres va bientôt nous engloutir, Gabriel.

Fort peu inquiet, l'être céleste se refusa à défaillir, gardant mes yeux capturés dans son regard soudain embrasé.

— Si le monde s'effondre, devrions-nous nous enfermer dans un rêve éternel ?

Son sourire... Ce sourire. Gabriel fit fleurir en cœur un battement déstabilisant et bienvenue. Et tout aussitôt se mirent à germer des fleurs bien sombres en harmonie avec l'avenir de ce monde touchant bientôt à sa fin. L'ange en cueillit une.

— Tulipe noire. Essaierais-tu de me délivrer un message, Lily ?

Un souffle surnaturel balaya la terre, le son glaçant d'un instrument à vent échappa au ciel pour faire l'annonce de la fin de tout. Pourtant, dans cette clairière naissait la plus belle des déclarations. L'Apocalypse ne saurait l'arracher.

Et tandis que l'Archange se détournait de son dieu pour vénérer le blasphème de la tentation, ses grandes ailes étincelantes se déployant dans son dos pour nous cacher du péché, la tulipe délivra un bien étrange parfum :

« Mon amour sera éternel ».