Chapitre 1

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Iris

Un an plus tard

Je rentre dans le café le sourire aux lèvres, et me presse d'aller rejoindre Salomé, une amie que je me suis faite il y a quelques mois déjà. Sans elle je ne sais pas comment j'aurais fini. J'étais devenue l'ombre de moi-même, je ne sortais plus, ne mangeais plus, et je passais mon temps à dormir. J'en ai même perdu mon travail. Jamais je n'aurais pensé tomber si bas. Tellement bas que j'étais à deux doigts d'en finir.

-Coucou ma puce, comment tu vas aujourd'hui ? me demande t'elle avec tellement de bienveillance que ça m'arrive de m'en méfier parfois.

-Ça va, j'ai eu mon rendez-vous hier après midi avec la psy, et finalement ça m'a vraiment fait du bien.

Elle sourit, et me tends le café qu'elle m'a commandé. Je la remercie d'un sourire et attrape la tasse bouillante pour la garder entre mes mains.

-Tu as bien fait d'aller la voir, j'étais sûre que ça ne pouvait que te faire du bien. Tu as besoin de parler. Tu es restée seule pendant des mois, tu as presque parlé à personne durant tout ce temps, et les progrès que tu as faits depuis sont plus qu'épatants Iris. Il faut que tu gardes en tête que tu ne méritais en rien tout ce qui t'es arrivé, d'accord ?

Je hoche la tête, mais les larmes qui menacent de couler montrent bien que le chemin risque d'être encore long.

-J'ai réfléchi à ta proposition de la dernière fois.

Elle lève les sourcils.

-C'est d'accord.

Elle pousse un cri et me fait sursauter. Tout le monde nous regarde, ça me mets mal à l'aise mais elle n'a pas l'air gênée par la situation. Voilà pourquoi je l'apprécie autant. Elle est l'opposé de moi, ce qui fait qu'on se complète.

Salomé est auteure, et travaille à mi temps dans une librairie près de chez moi. C'est d'ailleurs là que nous nous sommes rencontrés. J'avais l'habitude d'aller une fois par semaine m'acheter un livre, qui me changeait un peu les idées, et elle avait bien remarqué l'état dans lequel j'étais. Elle n'avait pas osé intervenir, jusqu'à ce jour où je suis arrivée là bas bien plus faible que d'habitude. J'avais passé une journée particulièrement difficile. Elle est venue vers moi, et m'a proposé d'aller boire un café. J'ai d'abord refusé, puis elle ne m'a pas vraiment laissé le choix. Alors nous sommes allées boire un café toutes les deux et j'ai parlé un peu, je n'avais pas du tout confiance en elle. Puis on a instauré cet espèce de rituel où chaque semaine nous allions boire un café et chaque semaine je me livrais un peu plus. À aucun moment elle ne m'a jugée, elle a simplement été là pour moi. Comme quoi il y a toujours du positif dans le malheur qui nous tombe dessus.

-Quand est-ce qu'on commence ? je demande.

Elle réfléchit.

-Il faut que j'en reparle à ma patronne, et on verra toute la paperasse ensemble.

Sa proposition était de venir travailler à la librairie avec elle. À part un bac L, je n'ai pas vraiment de diplôme pour être libraire, mais d'après ce qu'elle m'a dit, pour sa patronne c'est la passion avant tout. Alors pourquoi pas tenter l'aventure ? Puis il me faut absolument un travail.

L'après midi se passe calmement, nous discutons et prenons des nouvelles l'une de l'autre.

-D'ailleurs tu fais quoi ce week-end ?

Je lève un sourcil, je ne fais rien de mes week-ends, elle est la seule personne avec qui j'ai du contact ici. Elle semble le remarquer et se met à rire.

-Excuse moi, j'aimerais que rencontres mon copain. Et son groupe de potes.

Ses paroles me coupent le souffle. Non seulement parce qu'elle me fait assez confiance pour me faire pleinement entrer dans sa vie, mais aussi parce que ça fait à peu près un an que je n'ai plus de vie sociale, et j'ai peur que ça ne revienne pas en un claquement de doigt.

-Je sais ce que tu penses, mais je serais là. Et je peux te jurer qu'ils ne te jugeront pas. Je leurs parle souvent de toi et ils meurent d'envie de te rencontrer.

-Je réfléchis et je te dis, répondis je peu sûre de moi.

Elle fait une moue dubitative et je sais que je risque de la blesser si je ne viens pas. Après tout ce qu'elle a fait je lui doit bien ça.

-Bon d'accord, lançais je, mais je ne reste pas tard.

Elle ne contient pas sa joie et vient me faire un bisou sur la joue.

-Tu vas voir ça va être génial.

Et je la crois, elle mérite que je lui fasse confiance.

De l'amour à la haine - Djilsi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant