Chapitre 9

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Iris

Salomé entre dans la pièce, livide, comme s'il venait de se passer quelque chose de dramatique. Elle est accompagnée d'une fille que je ne connais pas. Je ne comprends pas trop, mais au vu du visage des garçons, je crois qu'il se passe quelque chose. Et je crois aussi que ça ne va pas me plaire.

-Et bah dis donc vous en faites une tête, dit la fille en question.

Je ne sais plus où me mettre, je lance un regard à Salomé pour lui faire comprendre mon malaise. Elle me répond d'un regard désolé.

-On s'attendait pas à ce que tu viennes, réponds simplement Sacha, voulant sûrement combler ce silence si lourd que je n'aurais pas pu me lever du canapé.

Elle pouffe grossièrement, et lui fait tout de même la bise. Puis vient au tour de Sid, qui a le droit à un joli baiser sur la joue. La jalousie me ronge l'estomac, mais je fais comme si de rien n'était. Elle ne daigne même pas me dire bonjour et s'assoit à côté de Sidjil. Elle ne se gêne pas pour poser sa tête sur son épaule. Je suis si énervée que j'en tremble. Sid ne fait rien, il laisse la fille collée à lui, comme si la situation était tout à fait normale. Je ne peux pas rester une minute de plus dans cette pièce, sinon je crois bien que je vais leur refaire le portrait à tous les deux.

-Bon bah je crois que je vais y aller moi, dis-je en me levant.

Sid me lance un regard paniqué, Sacha a l'air dépassé par les événements et Salomé se lève, pour me raccompagner j'imagine.

Nous sortons de l'appartement, et restons sur le pallier.

-Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ? demandais je à Salomé.

Je sais qu'elle a envie de parler, mais je sais aussi qu'elle ne le fera pas. Parce que ce n'est pas son genre, de se mêler des affaires des autres.

-Je suis désolée mon cœur, mais ce n'est pas à moi de t'en parler, répond-t-elle comme je m'y attendais.

Je souffle longuement, épuisée par tout ça.

-Je viens chez toi ce soir, on va passer une bonne soirée et n'oublie pas que je suis là et que je ne t'abandonnerais jamais.

Je hoche la tête, et la sers dans mes bras.

Sur le chemin du retour, je ne peux empêcher quelques larmes de couler. J'ai l'impression de revenir un an en arrière. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre Sid et cette fille, mais d'après ce que j'ai compris, je ne faisais pas partie de l'équation.

-Iris ! crie une voix dans mon dos.

Je me retourne et vois Sid courir pour me rattraper. Je m'arrête, je n'ai ni le temps, ni l'énergie pour jouer la gamine.

-Je peux tout t'expliquer, dit-il à bout de souffle.

-J'attends, répondis je sèchement.

-Cette fille, c'est Amy. On est sortis ensemble pendant un mois à peine.

Aïe, il sait employer les mots pour me faire mal celui-là.

-Je ne l'ai jamais aimé, mais c'est un putain de pot de colle. Ça fait des mois qu'on est plus ensembles mais elle ne me lâche pas.

Je fais une moue dubitative, peu convaincue par ses propos.

-Tu peux me croire, dit-il.

Il a l'air sincère.

-Je te crois, mais la prochaine fois qu'elle se colle à toi comme ça, et que tu ne dis rien comme tu l'as fait, tu peux tirer une croix sur toute possibilité qu'il y ait de nouveau un « nous ».

-C'est promis, dit-il.

J'espère ne pas me tromper en décidant de lui faire confiance.

-Je te raccompagne ? propose-t-il.

Je hoche la tête, et nous nous mettons en marche.

Sur le trajet, nous discutons de tout et de rien. La discussion est fluide et je suis rassurée sur le fait que rien a changé. Il me raconte ses projets pro à venir, et je dois avouer que c'est assez impressionnant. Il a toujours vécu à cent à l'heure, et c'est aussi ce qui fait de lui quelqu'un de spécial. On ne s'ennuie jamais. Chaque opportunité à faire une connerie est bonne à prendre et il me partageait cette étincelle qui n'est pas inée chez moi. J'ai du mal à me laisser aller, je suis plutôt du genre à réfléchir, peut-être même trop, avant d'agir. J'aime savoir ce dans quoi je mets les pieds, et être rassurée. Tout ça, Sid en a parfaitement conscience, mais il sait comment me mettre en confiance et réveiller cette partie bien cachée de ma personnalité.

Nous arrivons devant chez moi, je ne sais pas trop comment lui dire au revoir. Je sais que lui ne veut pas me brusquer, et qu'il se contentera de ce que je lui donne. Alors je le sers dans mes bras. L'odeur de son parfum vient me chatouiller les narines et l'espace d'un instant j'ai l'impression d'être sur un nuage. Ce même parfum que je mettais sur certains de ses t-shirt qu'il avait laissé à la maison, pour que je réussisse m'endormir les soirs où c'était vraiment compliqué. Mais là il est bien réel, et je n'ai pas besoin de me pincer pour le croire. Tout ce que je ressens est tellement intense qu'il n'y aucun doute sur ça.

Je me libère de ses bras, à contre cœur.

-Ça te dirais qu'on aille manger au resto samedi soir ? demande-t-il en se grattant l'arrière du crâne, mal à l'aise.

-Tous les deux ?

Il hoche la tête timidement, et je le trouve adorable.

-Avec plaisir.

Un large sourire vient égayer son visage et il prend mon visage entre ses mains pour embrasser le sommet de mon crâne.

On se dit au revoir, il s'en va, et je monte jusque chez moi, une flopée de papillons dans le ventre et la tête dans les nuages.

De l'amour à la haine - Djilsi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant