Chapitre 6

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Iris

« il faut qu'on parle
je ne t'ai pas trompé
je t'aime »

Je lis ces mots en boucle depuis au moins une heure. Mon cerveau a cessé de fonctionner, je ne sais plus quoi penser.

Salomé ne devrait pas tarder à arriver. Elle était avec les garçons, mais j'ai pas de nouvelles depuis. À part ce message de Sid qui est entrain de me faire péter les plombs.

Ça toque à la porte, ça doit être Salomé. Elle a les clés, donc j'attends qu'elle entre, mais elle n'entre pas. Ça toque à la porte encore une fois. Je me lève, peut-être qu'elle n'a pas ses clés avec elle.

J'ouvre la porte, et tombe sur Sidjil.

Je n'ai pas encore digéré son message, et je ne suis pas prête du tout à parler avec lui.

-Qu'est-ce que tu veux ? je demande.

-J'aimerais qu'on discute.

Les paroles de Salomé me reviennent en tête, et je n'ai pas le choix que de le laisser entrer. Je ferme la porte et respire un bon coup.

-Tu veux quelque chose à boire ?

Il secoue la tête et reste droit comme un piquet dans ma cuisine.

-Tu peux t'asseoir si tu veux, lui dis-je, triste qu'on en soit arrivés là.

Il s'assied, et je m'installe en face de lui.

-Je t'écoute.

-Je sais pas trop par où commencer.

-Si tu venu là pour rien dire Sid, tu peux t'en aller.

Mes mots ont l'air de le réveiller et il se mets à parler.

-Je t'ai dit que je t'avais trompé. Je pensais que c'était vrai et je ne voulais pas y croire mais j'ai fini par me faire une raison.

Ce qu'il me dit me fait beaucoup de mal. Si il est venu pour me dire ça, j'aurais pu m'en passer.

-Quand Salomé est venue, j'ai tout raconté. Et elle demandé si j'étais sûr d'avoir vraiment couché avec cette fille, et je ne m'étais pas vraiment posé la question.

Je bouillonne, et s'il continue je crois bien que je vais exploser.

-Sid, si t'es venu là pour m'expliquer comment tu m'as trompé, je te supplie de t'en aller.

-Laisse-moi finir, me coupe t'il. Salomé m'a demandé de lui envoyer un message.

Il sort son téléphone et me le montre. Je vois le message, elle affirme qu'ils n'ont pas couchés ensemble.

Je ris jaune. Tout ça ne peut pas être réel. Toute cette année que j'ai l'impression d'avoir passé en enfer, ce qui est bien entrain de se passer là, ne peut pas être réel.

-Donc t'es entrain de me dire, que j'ai perdu tous mes amis, je t'ai perdu toi, j'ai perdu mon travail et toute trace de joie de vivre, pour rien ? dis-je hors de moi.

Son sourire disparaît, et je crois qu'il n'avait même pas envisagé que la situation puisse prendre cette tournure.

-Tu veux que je te dises tout ce que tu m'as fait ressentir ? continuais je. Je ne mangeais plus, j'ai perdu toute confiance en moi. Même Salomé j'ai mis des mois à lui faire confiance, parce que les faits sont là. Tu ne m'as peut-être pas trompée, mais je l'ai vécu comme si tu l'avais fait, et maintenant je suis enfermée dans un cercle vicieux où je m'auto détruit. Alors je suis désolée, mais je crois que je mérite un peu de temps pour digérer tout ça.

Une larme coule le long de sa joue, et je regrette aussitôt d'avoir été si méchante avec lui. Mais d'un autre côté j'avais besoin de dire tout ce que j'avais sur le cœur.

Je me lève pour me mettre à côté de lui. Je prends sa main et lui tourne la tête pour qu'il me regarde.

-Excuse moi, je n'aurais peut-être pas du te dire tout ça, mais il fallait que ça sorte. J'ai besoin de temps tu comprends ?

Il hoche la tête et la pose sur mon épaule. Mon cœur bat à toute vitesse. J'hésite à le repousser mais je sais très bien que j'en serais incapable. Alors je caresse ses cheveux et profite juste de l'instant présent. Tout chez lui m'avait manqué. Mon cœur me dit de tout oublier et de lui pardonner, mais ma raison me dit de prendre mon temps et que pardonner maintenant serait trop facile.

Je me lève à contre cœur, et Sid comprends qu'il est temps de partir. Je le raccompagne jusqu'à la porte.

-Je te laisserais tout le temps qu'il te faudra, mais je ne t'abandonnerais pas, dit-il avant de s'en aller.

Je ferme la porte, et fonds en larmes. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il vient de se passer. Ça veut dire que je lui laisse une chance ? Et puis est-ce que j'en ai vraiment envie ? Au fond de moi, je crois que oui. Quand j'étais dans ses bras, je me sentais enfin moi. Comme si j'avais été en apnée pendant un an et que je remontais enfin à la surface.

Il n'y a plus qu'à laisser le temps faire les choses.

De l'amour à la haine - Djilsi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant