Chapitre 14

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Je reste assise dans un coin de ma cellule. C'est un lieu que je n'ai jamais visité, la prison royale. J'écoute des gouttes tomber près de moi. De quoi devenir dingue. Je me concentre sur tout, sauf des choses négatives, ce qui a vrai dire est très compliqué. Je sens mes pensées sombres effleurées mon esprit. Chaque gouttes percutant le sol me fait perdre pied petit à petit. Une goutte après l'autre.

- Stop !

Je hurle ce mot en sachant très bien que l'eau ne va pas s'arrêter pour autant. Tout ce que j'ai réussi à faire c'est d'attirer les gardes qui s'approchent de ma cellule. L'un d'eux frappe à la porte et me demande d'une voix froide.

- Il ce passe quoi ici ?!

- Rien.

Les soldats s'en vont s'en faire d'histoires. Les pensées sombres recommencent à affluer dans mon esprits. Je me remémore un moment, quand je n'étais qu'un enfant. Ma mère me chantais une chanson pour que je n'ai pas peur du noir.

- Chante chante petit oiseau.
Dans les prés, le jour la nuit.
Chante chante petit oiseau.
Oublie la peur qui ne fait pas de bruit.

- Très belle chanson.

Je sursaute en entendant cette voix, inconnue et très proche de moi. Je regarde le mur à ma gauche, d'où semble provenir la voix. Une voix d'homme. Je m'approche du mur, là où ce trouve un petit trou.

- Je la chantais à ma fille. Avant qu'on m'emmène ici.

J'écoute cet homme et regarde à travers le petit trou. Je n'arrive pas à bien voir à cause du peu de clarté dans la prison. L'homme continu de parler.

- Ça fais longtemps que je ne l'ai pas vue. Elle et ma femme sont toute ma vie.

Je m'affale contre le mur, profitant de cette distraction pour échapper à mes pensées. Échapper à ma vie, mon destin et tout ce qui en découle.

- Qu'est ce qu'il c'est passé ?

- La famine.

- Quelle famine ?

Cet inconnu a réussi à piquer ma curiosité. J'en apprends plus dans ce stupide cachot que quand j'ai vécu dans le château.

- Il y a deux ans je pense. Peut être plus. Il y a eu une restriction de nourriture, le froid a retardé les récoltes. Ma famille et celles de beaucoup d'autres personnes mourraient de faim. J'ai du voler pour combler les manques de nourritures. Et la garde m'a attrapée, depuis je suis ici.

- Je... je ne savais pas.

- Si la famine n'a pas touché ta famille c'est qu'elle devait être sacrément riche ma petite.

Je me tais. Vaut mieux que personne ne sache mon identité. Je me croyais seule ici mais apparemment j'ai eu tord. Si on apprend que je suis la fille du roi qui les a enfermés je risque une rébellion, et j'ai très peu confiance en la protection de mon père. Je me racle la gorge et demande, le plus naturellement possible.

- Combien de personnes sont enfermées ici ?

- Je n'en ai aucune idée. Une centaine voir deux cents personnes.

- Pourquoi le roi enferme autant de monde ? C'est son peuple, il n'a pas le droit !

- Le roi est tout puissant, il décide et nous obéissons. Il n'a pas à se justifier. Au moins ici les malfrats n'embêtent plus personne. Et il n'a même plus besoin de libérer ses prisonniers.

- Comment ça ?

- Il y a quelques années le roi a agrandit la prison. Elle s'étend sous la cité. J'ai fais parti des travailleurs. Il y a des milliers de cages, assez pour emprisonner la totalité de la capitale du premier compté.

Je ferme les yeux en assimilant les paroles de ce pauvre prisonnier. Ça fais des années... des années que mon père se prépare à la guerre contre les elfes. Il a construit des cages, des milliers de cages pour eux. C'est la seule raison. Il les détestes pour une raison que je ne connais pas. Cette guerre est totalement inutile.

- Pourquoi t'es ici toi ma petite, tu n'as pas l'air bien vieille.

- J'ai trahis le roi. J'ai essayé de le tuer. J'ai voulu le tuer...

En disant ses mots mes pensées obscures reviennent. Une part de moi veux ressentir de nouveau ce pouvoir, cette force et cette liberté incroyable. Mais une autre refuse, à cause des monstruosités que ça causerais, encore. Ça fais des mois que je n'ai pas vu Hélios, que j'ai repoussé notre lien sans me soucier de ce qu'il pourrait ressentir.

- Le lien !

- Quoi ?

- Rien, je réfléchis à voix haute.

Je retrousse ma manche tout en regardant la lune tatouée sur mon poignet. Je sers le poing et ferme les yeux que j'avais rouvert un peu plus tôt. Allez Hélios, je sais que tu ne m'abandonneras pas. Entends moi. Je me concentre sur le lien, essayant coûte que coûte de transmettre à mon âme sœur un message. Je sens mes forces m'abandonner peu à peu.

- Nan...

Je sens la douleur, qui part d'abord de ma marque mais qui se répand dans mon corps beaucoup trop rapidement. Je n'arrive pas à m'empêcher de crier et je me sens sombrer.

Quand j'ouvre de nouveau les yeux, me redressant en panique, la respiration saccadée, je ne suis plus dans le cachot. Ni même dans le premier compté. Je me relève en observant la plaine étrange qui s'étend à perte de vue. Des fleurs jaunes tapissent le sol alors que le soleil frappe durement le lieu.

- Il y a quelqu'un ?

Ma voix résonne, pareil à un écho, sans que personne ne me réponde. J'avance un peu, écrasant les fleurs au passage.

- Atria ?

Je me retourne en entendant mon nom. Un nom prononcé avec sa voix.

- Hélios !

Je cours dans ses bras, grimaçant en entendant l'écho de nos voix. Je me détache de lui bien trop tôt mais ma curiosité est trop forte, encore une fois.

- Où sommes nous ?

Son visage, encore plus sérieux et froid qu'avant, est tourné vers moi. Plusieurs mois ont passés, je sais qu'il attend des réponses. Mais je ne suis pas prête à les lui donner. Je soupire.

- Il ne faut surtout pas que tu viennes dans le premier compté tu m'entends ? Mon père t'attends, il veut te tuer.

- C'est trop tard Atria, je suis déjà là. Se soir j'infiltrerais ton château et je vaincrais ton père. Ensuite on discutera tout les deux.

- Non...

Une force étrangère semble vouloir m'aspirer loin de ce lieu alors que la peur s'infiltre dans mon corps. Il va mourir. Ils sont tous pareils, mon père, Hélios. Il me prennent pour une incapable. Je regarde une dernière fois son visage, aussi impénétrable que la glace, identique à celui de son père. Son père...

Je n'y arrive plus. Que le chaos m'emporte, plus rien ne me retiens. Ils me considèrent comme une chose faible, ils le regretterons.

Conflit T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant