Chapitre 2

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Le double meurtre de ce père et son fils n'étaient pas passés inaperçu aux yeux de Sherlock. Plusieurs éléments étaient étranges sur cette affaire. La façon dont les deux victimes ont été tués était très différentes. Il avait déjà déduit que le coupable avait un complice, et il était pratiquement sûr qu'il s'agissait d'un homme et d'une femme. Après tout, les femmes avaient plus tendance que les hommes à avoir recours au poison. Il y avait encore deux mystères qui subsistaient. Pourquoi avaient-ils le crâne rasé, et pourquoi avoir mis leur cadavre dans le jardin d'un architecte ? Il y avait plusieurs architectes vivant à Londres, et certains avaient des maisons peu sécurisée. Pourtant, les corps avaient été retrouvés dans une des maisons les plus sécurisées de la liste. Il devait donc y avoir un motif personnel. Et pour découvrir ce motif, la solution la plus efficace était d'aller faire le tour des pubs pour récolter des informations et prendre connaissance des rumeurs qui entouraient l'affaire. Il allait demander à John de l'accompagner quand celui-ci sortit de sa chambre, tout fringant. Il avait mis ses plus beaux vêtements et portait de l'eau de Cologne.

Ainsi, le petit John a un rendez-vous amoureux...

Il songea à «écourter» la rencontre avec la dame, comme il le faisait à chaque fois que son ami sortait, mais le regard rêveur de l'homme l'en dissuada. Il semblait que cette fois, c'était du sérieux. Il dû se résoudre à aller enquêter seul. Son travail de détective lui avait appris une chose, un homme enivré était un homme qui avait la langue déliée. Il décida donc d'aller dans le bar le moins cher, là où l'alcool avait le plus de chance de couler à flot. Il ne lui fallut pas longtemps avant d'arriver à destination. Malgré le fait qu'on été qu'en début d'après-midi, il y avait déjà des hommes , affalés sur leur table, à moitié ivres morts. Il s'approcha d'un groupe, bien éméchés mais encore capable de parler. Comme prévu, ils étaient entrain de parler du meurtre. C'était le principal sujet de conversation depuis la parution du journal. Il ne lui restait plus qu'à s'incruster. Un léger changement d'accent devrait suffire.

«- Quelle affaire ce meurtre ! Ça me déprime rien que d'y penser. Un peu d'alcool ne fait jamais de mal dans ces cas là. Je vous paie une tourné ?

- Et bah ça serait pas de refus l'ami !

- Une pinte contre la déprime, y'a rien de plus efficace ! Eh, serveur ! Une nouvelle tourné pour ces braves hommes, c'est moi qui offre !

- T'es bien généreux dis-donc. Tu m'plaîs !

- Mon plaisir. Mais dîtes-moi, l'affaire patine en ce moment. Et ce pauvre architecte qui est dans la mouise jusqu'au cou...

- Pauvre, pauvre, faut le dire vite...

- Ton accent me dit que t'es pas du coin, donc tu dois pas savoir ce qu'on dit sur ce type.

- Vous allez donc m'apprendre quelque chose. Parfait, je vous écoute !

- Sir Scamcrow, c'est comme ça qu'il se fait appeler, est un vaurien. Un arnaqueur qui, à cause de son incompétence, à fait pas mal de dégâts.

- Mais attention, pas chez les nobles ! Oh que non, il s'y risquerait pas !

- Le statut des gens au dessus lui fout les chocottes. Mais un bourgeois sans titre de noblesse, là y'a pas de problème, peut importe la richesse!

- Tu sais pas quoi , l'étranger ? 'Paraît qu'il aurait défiguré une poulette !

- Ah bon ? Défigurée comment ?

- Erreur de chantier dont il était en charge. Depuis qu'on a commencé à parler de ces nouveaux systèmes de canalisation qui permettraient d'avoir de l'eau directement chez soi, pas mal d'architectes font des tests pour être les premiers à réussir une canalisation rapide et efficace. Pour éviter que ça se bouche, ce saligot a foutu une sorte de produit corrosif dans la tuyauterie. Quand cette pauvre dame a voulu tester la douche pour se laver les cheveux, elle s'est retrouvée avec de l'acide sur la tête.

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant