CHAPITRE TROIS : BATS TOI

16 1 10
                                    

Hola, c'est la sortie hebdo (pour l'instant m'estimez pas trop) du chapitre suivant de Moloch. Bon il est pas joyeux donc soyez dans un mood pas trop trop down ça va pas vous faire du bien je pense.  C'est très la bagarre, la dépression et le désespoir ce chapitre. Mais j'espère que vous allez avoir une bonne lecture malgré tout. Enjoy /o/


TW : Sang, mention de tentative de suicide, mention d'automutilation, mention de meurtre, arme blanche, mention de drogues, mention de psychose impliquant des insectes (si j'en oublie même si je pense pas et ça fait déjà pas mal, hésitez pas à m'en faire part).


***


Louis, 3 Février

Louis ne parvient toujours pas à s'habituer aux retrouvailles entre lui et son visage. Il ne se reconnaît pas. Toute son identité s'effondre. Même si Hyacinthe et lui continuent malgré tout de maintenir l'illusion pour leurs vagues connaissances sociales, Louis n'arrive plus à s'associer à lui même. Il voudrait arracher ce visage. Parce que c'est lui qui aurait du l'avoir. Les deux mains plantées sur le rebord du lavabo sur lequel il se tient, les yeux crucifiant les siens dans le reflet du miroir, les sourcils froncés de colère, née de sa propre détestation de lui-même. Il se trouve laid, ignoble dans l'entièreté de sa substance, de sa bouche à ses chevilles, de ses cheveux à ses ongles, de sa culpabilité mal placée aux derniers mots d'amour qu'il a en réserve. Son esprit de vengeance est la seule chose qui l'empêche de sauter d'un pont. Il pense que tout ce qu'il est devenu n'est pas uniquement la faute de Tobhias. Il ne peut pas sans cesse rejeter la faute de ses conneries, de ses erreurs sur son grand frère abusif. Lui et son égoïsme ont une grosse part de responsabilité dans le futur qu'il se réserve, dans se présent où il se sent mal à l'aise. Il aurait du être plus calme, adolescent, ne pas se battre avec Tobhias dans le bruit et la fureur perpétuelle. Ça n'a aidé personne. Surtout Hyacinthe sur qui Tobhias déversait toute sa frustration, ses punitions qui lui étaient destinées à lui, lui qui se révoltait. Ça n'a servi à rien. Tout ça pour du vent, des conséquences négatives, tout ça en vain. Ça n'a fait qu'empirer les choses. Il a laissé à Hyacinthe l'entière responsabilité d'être un dommage collatéral. C'est dégueulasse. Tellement injuste. Quel incapable, juste bon à se pourrir tout seul entre la drogue et les bagarres, entre le sexe futile et les fausses amitiés. Il avait demandé une fac de médecine à l'autre bout de sa ville natale pour fuir. Fuir Tobhias qui devenait de plus en plus cruel, fuir Hyacinthe qui était le miroir terrible de sa nécrose métaphysique, fuir l'image d'Aglaë qui le hantait, le torturait, l'empêchait de dormir, de manger, de se regarder dans une glace. Si seulement il pouvait disparaître. Si seulement il avait le courage et la bonté de demander à Anasthase d'effacer la mémoire de Hyacinthe, ou tout du moins la modifier pour que sa vie soit bien meilleure, bien plus belle, loin du carnage, loin des cris incessants. Mais Hyacinthe est tout ce qu'il lui reste. Sa vie n'a aucun sens si son frère jumeau n'est pas avec lui, si son existence n'implique pas celle de Louis. Au fond des cercles vicieux, si Hyacinthe veut que Tobhias l'aime, Louis se brise le dos sous le poids d'une complainte infantile destinée à Hyacinthe : aime moi, aime moi, ne cesse pas de m'aimer, je sais que je suis horrible, je sais que je fais partie des gens qui gâchent ta vie, mais s'il te plait, n'arrête pas de m'aimer, ne m'abandonne pas.

Il se souvient du psychiatre de l'hôpital dans lequel il a fini après sa première tentative de suicide qui l'avait diagnostiqué mélancolique chronique à épisodes psychotiques suicidaires importants. Mais ça ne faisait pas sens pour Louis. Même maintenant, il trouve ça stupide et sans intérêt. Il a survécu à une chute du quatrième étage, deux overdoses et à des veines tranchées : son corps ne veut pas crever. Ce diagnostique est futile. Il ignore quoi faire de lui-même, Louis. Hormis devenir un antagoniste, un anti héros de sa propre histoire. Ça fait taire les hurlements terrifiants coincés dans sa tête. Ses ongles tapotent le miroir, sa jambe droite tremblote, les vêtements sur sa peau le coupe, le gêne, l'étouffe. Meurs le réel, meurs le miroir, meurs le reflet. Il est le vrai méchant du film de sa vie, le meurtrier en sommeil qu'on voit en Hyacinthe, c'est lui, l'hécatombe. Il pose sa main sur le miroir afin d'y cacher ses yeux. Il se préférait presque quand il était un sans visage, son globe oculaire retrouvé lui donne envie de vomir, il pourrait y planter un couteau, le sortir de son orbite, il voudrait arracher toute la peau de ce côté droit de son visage pour y sortir les insectes qui grouillent, les asticots et les vers qui s'épanouissent dans la putréfaction putride sous sa chair.

MOLOCH PARTIE IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant