MOLOCH PARTIE II

CHAPITRE QUATRE : À TRAVERS LA LUMIÈRE

Hola, aventuriers et aventurières et welcome dans ce chapitre 4. Encore une fois c'est long et c'est pas très joyeux.  Je me suis un peu éclatée niveau mise en scène surtout que c'est un chapitre qui tourne beaucoup autour de Louis et que j'aime bien le développement que j'ai fait avec ce perso qui a une place très particulière dans ce roman comme dans ma vie. J'espère vous aimerez ce chapitre autant que j'ai aimé l'écrire.

Liste des TW : violence crue/torture, automutilation, emeto,  mention d'abus infantiles, sang, mention d'inceste.

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Anasthase, 5 Février

Allongé dans son lit l'hôpital, les lumières trop fortes donnent à Anasthase une migraine pénible. Mais il se refuse à fermer les yeux. Il a trop peur de s'endormir. Sa sœur hante ses rêves. Ça le force à se souvenir qu'elle l'a planté, sans aucun état d'âme, comme si elle était née dans l'unique but d'enfoncer un couteau dans sa chair, dans ses organes. Née pour le crever. Ange et Tobhias sont assis de part et d'autre de son lit. Tobhias lit un polar, Ange mange une pomme. Aucun ne lui a dit ce qui s'est passé après la fuite de Raven. Aucun des deux ne semblent savoir où elle est. Anasthase parie qu'ils n'ont même pas essayé de demander à Hyacinthe. Raven est son psyché lié, pourquoi ne pas lui soutirer des informations qu'il doit nécessairement avoir ? Anasthase galère à penser de manière cohérente. Il pose sa main, paume contre son visage et soupire. Tout, absolument tout, l'exaspère. Même Ange et Tobhias, silencieux, autour de son lit, autour de lui, ils l'agacent à en mourir. Anasthase se sent devenir fou à lier. Une infirmière entre dans la chambre, fatiguée de courir partout dans ces hôpitaux mourants, à jongler entre les patients en un éclair du au manque de personnel.

« Monsieur Callas a un autre visiteur. Selon le protocole de notre hôpital, il ne peut pas y avoir trois personnes au chevet d'un malade. Messieurs, pourriez vous sortir un instant, s'il vous plait ? »

Ange et Tobhias ne se font pas vraiment prier pour quitter la chambre. Anasthase se demande qui est le nouvel abruti qui va le fatiguer de son silence ou de sa pitié. Ça l'énerve d'avance. Il prédit l'un des jumeaux. Il espère presque la visite de Hyacinthe pour le bombarder de questions concernant Raven. Il souhaite presque que Hyacinthe l'assomme de son humour jaune, de ses piques sarcastiques. Anasthase assume à moitié que, très souvent, contre son gré, Hyacinthe le fait beaucoup rire, qu'il le trouve sincèrement drôle. Mais ce n'est ni Hyacinthe, ni Louis qui entre dans sa chambre. C'est Nour. Il avait envisagé beaucoup de choses, mais pas celle-là, il doit bien l'avouer.

« Qu'est-ce que tu fous là, Nour ?

—Je voulais voir comment tu allais. »

Lui et Nour n'ont jamais été particulièrement proches. Ils se sont échangés quelques mots, deux ou trois fois quand elle venait diner à la maison, quand elle sortait avec Raven. Anasthase ne s'habitue pas à sa beauté d'aujourd'hui, elle qu'il n'a toujours vu qu'embourbée dans des gros sweat-shirt presque tous calqués sur le même modèle seulement dans des nuances de couleur différentes. Désormais, elle est le parfait inverse. Le quart de siècle lui sied bien. Anasthase la trouve diablement belle. Assez impressionnante aussi. Courageuse. Elle tient tête aux membres de cette famille avec une force redoutable. Anasthase l'a toujours respectée.

« Je sais que tu te poses beaucoup de questions. Je crois avoir la réponse à certaines. Parce que c'est moi que Raven est venue voir juste après t'avoir poignardé. »

Sa sœur est définitivement une sadique. Est-ce seulement la faute de son éducation si elle a autant perdu la raison au fil du temps ? Est-ce seulement la faute d'Anasthase pour avoir sciemment ignoré tous les signes de son craquage sous jacent ? Ou bien Raven a choisi cette voie en toute connaissance de cause ? Perdu pour perdu autant être celui qui dévore plutôt que celui qui se fait dévorer. Oeil pour œil, sang pour sang. Dans le fond, c'est la punition inévitable d'Anasthase. Tout comme Oedipe était condamné à épouser sa mère, Anasthase était condamné à être détesté par sa sœur. La loi injuste des destinées incontrôlables. Il va arrêter son enquête sur la disparition d'Aglaë. Il en a assez. Ça ne sert plus à rien. Dès qu'il sort de l'hôpital, il s'enfuit avec Victoire et Li Zheng afin de vivre une nouvelle vie. Il envisage même de changer son nom de famille en prenant probablement celui de sa grand-mère paternelle. Ni un Callas ni un Rightway. Ces deux noms sont morts depuis l'assassinat de toute sa famille et se sont définitivement effacés sous la lame de Raven plantée dans son corps.