Le club des Interdits - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 III

Chapitre V

Cygnus toqua plusieurs fois à la porte, tremblant sous sa cape en coton. Il ne sentait plus ses lèvres à cause du froid. Ses larmes s'étaient sûrement congelées sur ses joues. Un elfe de maison lui ouvrit, le fixant avec une immense peine.

— La maîtresse va bientôt arriver, annonça-t-il d'une voix fébrile.

Callidora apparut quelques secondes seulement plus tard. Sa bouche s'ouvrit de surprise, analysant son état et sa valise à côté de ses pieds.

— Je... je suis désolé si je dérange, parvint-il à articuler.

— Par Merlin, qu'est-ce qui s'est passé ?

Son visage se convulsa brusquement et il échappa un hoquet de douleur.

— Il... il m'a...

Elle ne lui laissa pas le temps de finir qu'elle le serrait déjà contre elle. Cygnus se sentit si oppressé qu'il fut obligé d'exprimer son sanglot. Ses doigts s'aggripèrent à la robe de sa marraine, comme pour ne jamais se séparer d'elle, ne jamais quitter son rocher sauveur. Elle déposa un baiser sur son crâne, lui caressa doucement sa chevelure. Le froid avait disparu. La douleur aussi. Du moins, en partie.

— Viens, rentre.

Elle ordonna à son elfe de prendre la valise et de la monter à l'étage. Puis elle prit sa main et le guida à l'intérieur. Les rires de Lara et Asler réchauffèrent sa poitrine. Cela changait des disputes de ses parents, ou des cris de Walburga. Il y avait une toute autre ambiance ici, celle d'une famille unie par des liens solides. Harfang était assis sur un fauteuil et semblait raconter une histoire drôle à ses enfants. Il s'interrompit à son arrivé.

— Cygnus ! Quelle surprise !

Il esquissa un sourire timide. L'inquiétude gagna Lara quand elle le scruta, puis Asler.

— J'ai à parler avec mon filleul, tout le monde en haut, les congédia Callidora.

Ils obéirent immédiatement, pour la plus grande surprise de leurs parents. Harfang les talona, lui jetant un regard soucieux. Enfin, ils furent seuls. Callidora l'incita à l'asseoir sur le canapé, elle s'installa à ses côtés. Le feu de cheminée lui permit de retrouver la sensibilité de ses membres.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Je me suis disputé avec mon père, avoua-t-il un peu plus calmé. Et il s'est énervé rapidement, il a sorti sa baguette au moment où je me levais et il...

Sa voix s'étrangla. Jamais il ne l'aurait cru capable d'une chose pareil. C'était cruel. Il n'avait même pas eu à faire un pas et la douleur avait été bien pire qu'une gifle.

— Il quoi ?

— Il m'a lancé un Doloris.

Elle ne prononça pas un seul mot. Quand il tourna la tête, il vit son regard empli d'horreur.

— Combien de temps ?

— Pas longtemps, mais assez pour que ça fasse mal.

Elle passa son bras autour de sa nuque et l'attira de nouveau contre elle, cette fois-ci pour se réconforter elle-même. Il déposa son front contre sa poitrine, se réfugiant dans son odeur de rose séchée. Qu'aurait-il fait sans elle ? Il se voyait bien capable de prendre un train pour Moscou et de faire ces deux jours de trajet rien que pour chercher le réconfort dans les bras d'Elena. Sans baguette, il serait peut-être mort en chemin, mais cela n'aurait pas été une grande perte pour la maison Black.

Il se redressa mais elle continua à caresser ses cheveux, un geste qui l'apaisa.

— Quel était le motif de la dispute ?