Une heure avant
Moscou, RussieLes jupes des danseuses se gonflaient au rythme de leurs pas. Les mains des cavaliers attrapaient les leurs pour les faire tourner toute en même temps. Un tour, deux tours et ils continuaient à tourner en cercle au rythme des violoncelles. Elena avait le regard planté dans celui de Rodolphe qui caressait ses bras, puis sa taille selon les règles de la danse. Sa tête bascula en arrière alors qu'ils partaient pour un tour de plus. Elle aurait pu se pencher encore plus, il la retenait avec son bras enroulé au-dessus de ses hanches. Se sentir maintenu lui fit du bien. Elle ne pouvait pas tomber. Quelqu'un était là pour la rattraper, et, de plus est, c'était quelqu'un qu'elle connaissait très bien. Il la releva avec un sourire en coin. Alors que les violons prenaient la relève, il approcha son torse de son corset et lui souffla à l'oreille :
— Vous êtes magnifique, princesse.
Puis il agrippa sa taille et l'éleva dans les airs. Elle eut l'impression de voler. Si elle avait eu des ailes, elle les aurait déployées pour voir le monde depuis le ciel. Toutes les danseuses atterrirent au sol et les talons claquèrent en même temps. Elle sentit de nouveau sa main contre la sienne et ils reprirent simultanément les pas.
— Merci.
Elle se sentit en paix dans la mélodie virevoltante de la valse. L'orchestre jouait à seulement quelques mètres et la musique les plongeait tous dans un monde magique où l'amour pouvait naître d'un seul regard. L'empereur observait la danse depuis son trône d'un air faussement intéressé. Son père n'avait jamais apprécié ces journées de festivités, il les trouvait ennuyantes. Mais Elena aimait danser. Plus jeune, elle avait voulu faire danseuse étoile, mais c'était avant d'être envoyée en Angleterre. Aujourd'hui, il lui restait la valse. Et elle ne manquait pas une seule occasion pour la pratiquer.
La musique se termina et tous les cavaliers baisèrent les mains des femmes. Quand les lèvres de Rodolphe s'écrasèrent sur sa peau, elle se mit à sourire. Elle avait souhaité rentrer en Russie juste pour le voir et avoir droit à sa bulle de bonheur dans son existence si grise.
— Je vais rejoindre mon frère, déclara-t-elle.
— Attendez !
Elle se retourna mais il resta silencieux, pris de court par sa propre intervention. Les danseurs prenaient déjà place pour la valse suivante. Il semblait vouloir dire quelque chose sans parvenir à le prononcer. Face à son incapacité à parler, il tendit sa main.
Alors elle comprit.
Personne ne remarqua leur disparition. Ou peut-être que si, mais aucun garde ne vint la chercher, alors elle avança dans les couloirs du palais avec la main de Rodolphe dans la sienne et sa grande robe qui traînait au sol. Une fois dans la chambre, elle ferma tous les rideaux, ne laissant passer que de faibles rayons de soleil. Elle se retourna et l'observa. Il se tenait droit dans son costume, ses cheveux bruns plaqués en arrière. Ses yeux étaient bleus comme de l'eau pure. Elle retira ses chaussures et avança nus pieds jusqu'à lui. Leur proximité possédait quelque chose de doux. Elle déposa ses doigts fins sur la brodure en argent de son costume. Elle le sentit toucher une mèche de ses cheveux, puis son épaule dénudée. Lentement, sa main glissa dans son dos et défit les lacets de son corset. Petit à petit, il retira les couches de tissu qui la recouvrait et la déposa sur ses draps de soie bleue. Ses gestes étaient légers, comme s'il avait peur de la casser. Placé au-dessus d'elle, il la dévisagea quelque temps, toucha son visage comme s'il était fait de pierres précieuses.
— On dit que tu peux prendre l'apparence de la personne désirée.
Ses poumons se vidèrent. Le froid la recouvrit alors et s'introduisit dans son coeur, jusqu'à le faire craquer de l'intérieur.
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Le club des Interdits - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 III
Hayran KurguCygnus Black a toujours été le rebelle de sa fratrie. Leader d'un groupe Serpentard composé de sang-purs déchus, il étouffe sa nature dans l'alcool et la luxure. Mais quand Druella Rosier s'approche trop de lui, ses barrières volent en éclat. Leur h...