.chapitre 5.

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Le bar est plein à craqué. Les gens se collent les uns aux autres en espérant pouvoir atteindre les serveurs. Ils sont débordés d'ailleurs. Les clients les pressent, tendant  des billets verts.
Je grimace, les oreilles bouurdonnantes. La tête me tourne violemment.

Je sens mon cœur qui ralenti. Il a du mal à repartir je crois. Je m'accroche à un tabouret. Les yeux dans le vague.

Un, inspire. Deux, expire.  Trois, reprends toi merde....

- Hey Lia, va prendre une pause, OK ? Me dit une voix,

C'est qui? Je crois que je reconnais la voix, peut être, en vérité mon cerveau ne retenait plus rien, comme si il vomissait toutes les informations.
J'acquiesce vaguement, des tâches noires brouillent ma vision.
A l'aveugle je trouve la porte de derrière.
Je m'écroule sur le banc des fumeurs dans un soupir.

Depuis quand j'ai pas mangé? J'essaye de compter mais j'ai du mal à me souvenir des chiffres. Je regarde mes doigts, démunie. Ça craint. Fuck.

J'ai tellement mal au cœur, je crois que je le malmène un peu trop, le pauvre. Une larme solitaire coule sur ma joue. La fatigue coule comme cette larme, elle m'envellope, me grignote lascivement.

Soudainement une canette de red bull se présente à moi, la juste sous mes yeux. Comme une apparition soudaine. La main qui la tient est grande et veineuse, tatouée de branches.

Je sais que je dois lever le bras mais j'ai beau lui dire de le faire mon bras reste immobile.

- tient, bois, c'est sans sucre, 1 calorie la canette, tu risques rien.

Je sursaute en entendant la voix rauque de Victor. Lentement je le détaille de mes yeux éreintés; ses cheveux bruns sales, ses cernes sombres, ses iris éteints et ses lèvres sèches, pleines de croûtes.
Il a l'air aussi merdique que moi.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Au moins on est deux dans la saleté de la vie.

Il l'ouvre, s'agenouille devant moi et porte la canette à mes lèvres.

- depuis quand t'as pas bu ? Demande-t-il les sourcils froncés.

Je frémis. Il est trop proche. J'ai l'impression qu'il sent ma détresse, qu'il entend mes pensées dégueulasses, qu'il rentre dans ma tête et s'y perd. Qu'il cherche tous mes secrets. Je déglutis difficilement, à deux doigts de m'étouffer pathetiquement.

- je...je sais plus. Soufflais-je.

Il soupire et pose la canette à côté de moi.

- arrête. Grognais-je, agacée. Tu fais genre mais t'es pas mieux que moi!

Il me lance un sourire charmeur.

-bien sur que l'on est pareil, cherie.

- bois, m'ordonna-t-il, au moins t'auras l'impression de manger quelque chose.

Je pris la canette d'une main affreusement tremblante.

- fous moi la paix. Sérieux, je comprends pas pourquoi tu te forces à me maintenir en vie, après je vais t'être redevable, ça fait chier.

Il s'assoit à côté de moi, le banc ne ploit même pas sous son poids. Je l'observe du coin de l'œil.

- je te l'ai dit, je veux aider, c'est tout.

Je ricane. Mon cœur est plein d'amertume.  Beaucoup trop pour quelqu'un qui va bien.

- Menteur, en vrai tu fais ça  égoïstement pour te sentir mieux dans ta merde. Tu veux m'aider? Casses-toi, grondais-je.

Je m'attends à ce qu'il soit vexé. Qu'il s'en aille en me faisant un gros doigt. Mais il reste là, immobile. D'ailleurs il n'a même pas bronché, immobile. Je jure entre mes dents et porte la canette à mes lèvres.

- putain....t'as peut-être raison...

Il sort une clope, la coince entre ses lèvres et l'allume, les yeux plissés, en pleine réflexion. D'ailleurs ça lui creusé une ride entre les sourcils.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en remarquant pour la millième fois combien il est beau et pourtant il a une sale gueule. Voilà j'ai trouvé, avoir une gueule de pouilleux lui va bien.

- mais, tu vois le problème ça que....il tire une taffe sur sa cigarette, j'ai pas envie, alors du coup on pourrait dire que je ne t'aide pas, mais je suis sur qu'en restant je te soutiens à ma façon. Tu es donc obligée de me supporter.

Je balance le red bull par terre dans un geste de frustration dans un bruit métallique. Puis je pense à la planète et à sa douleur donc je me leve et la ramasse.

- je te méprise tellement, sérieux c'est viscéral.

Il rit doucement. Un rire rauque. Qui me donne envie de me gratter ou de tousser. Un rire de malade.

- non, tu sais quoi, on va dire que c'est moi qui t'aide, comme ça j'ai moins l'impression d'être une merde, soupirais-je, défaitiste.

- Rester avec toi m'aide, tu sais.

Je regarde le ciel, puis je pense au fait que ma pause est finie depuis longtemps. Que je devrais sans doute retourner dans la salle et pourtant un sentiment de détachement, une effluve de je-m'en-foustiste me parvient.
C'est peut être l'effet Victor...

rendez-nous accros à la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant