Chapitre 6

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En ce 12 novembre, à la sortie du lycée, sur le chemin nous ramenant chez moi, je ris.

Cora vint de dire une phrase marrante et alors nous éclatâmes toutes de rire. Mon petit groupe d'amies et moi rîmes plus fort encore que le bruit des moteurs passant sur la route ou que les oiseaux chantonnant dans les arbres. L'hilarité passa et alors Cora se tourna vers moi, son bras autour de mes épaules elle me demanda :

- Alors Ina, ton rendez-vous de ce soir ? Pas trop stressée ?

Mes joue s'empourprèrent à la pensée de ce rendez-vous convenu avec un garçon de ma classe. Ça me foutait les chocottes.

- Et si il me trouve pas jolie ? Ou si il trouve que j'ai une voix trop bizarre ? Questionnai-je à haute voix, peut-être un peu plus pour moi que pour les filles.

- Tout le monde te trouve jolie Ina...

- Cora, toi ne veut pas dire ''le monde'' !

- J'ai des superbes goûts et si je te trouve superbe, alors tu l'es !

Je souris à la remarque de mon amie, sans ajouter quoi que ce soit. Nous continuâmes de marcher durant quelques minutes avant de petit à petit se séparer.

Ma maison était la plus loin, alors mon temps de trajet était toujours un peu plus long et je devais toujours passer quelques minutes seule.

J'enfonçai mes écouteurs dans mes oreilles et chantonnai la musique sans me soucier du reste du monde.

Alors qu'il ne me restait que quelques pas à faire, qu'une intersection à tourner avant de voir ma bâtisse, une voix m'interpella. Je retins un soufflement en enlevant un écouteur, m'attendant à une drague lourde d'un vieil homme mais en face de moi se trouva un jeune homme d'une vingtaine d'années, ou peut-être d'une trentaine, je n'aurai pu vraiment le dire.

Il me sourit, d'un sourire éclatant qui fit soudainement chavirer mon cœur.

Il dégageait une aura charismatique qui m'intimida légèrement.

Sa bouche – et je ne pensais pas que cela était possible - était parfaite, son nez aussi à vrai dire, sa jeune barbe était aussi claire que la couleur de ses cheveux ce qui contrasta avec l'étrangeté du noir de ses yeux.

- Je ne suis pas du coin, pouvez-vous m'aider à m'orienter ? Mon téléphone n'a plus de batterie. Demanda-t-il d'une voix rauque, ce qui m'obligea à cesser ma contemplation.

- Oui, bien sûr. Répondis-je, essayant de garder une voix sûre et forte pour ne pas qu'il devine mon trouble.

J'éteignis ma musique et enlevai mon deuxième écouteur avant de les fourrer dans ma poche.

- Où voulez-vous aller ?

Il me dicta un nom que j'écrivis sur « plan » et se rapprocha de moi pour pointer un endroit du bout de ses doigts.

Son doux parfum emplit mes narines et mon cœur s'emballa. Je ne saurais décrire la sensation dans laquelle je me sentais, c'était à la fois déroutant et agréable. La beauté de l'homme me troubla et j'en vins à me demander combien de femmes se seraient retournées sur son chemin. Je tentai de me contenir, moi, ainsi que les battements incessants de mon cœur qui s'amplifièrent à chaque instant. 

Je relevai la tête de mon téléphone pour lui indiquer une direction à prendre avant de me tourner vers lui et de lui sourire.

D'un instant à l'autre, tout changea, son sourire se crispa et d'un mouvement brusque il extirpa de sa poche une seringue puis avant même que je ne me recule il m'injecta un liquide translucide dans le cou. Je n'eus pas même le temps d'ouvrir la bouche et de laisser échapper un quelconque son car en quelques millièmes de secondes, ma vue se troubla avant de devenir entièrement sombre.

Blanche EnsanglantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant