Chapitre 8

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Mon dos me fit si mal et le matelas fut si confortable que je voulais rester dans ce lit, je ne voulais pas me lever même avec ma pressante envie d'aller aux toilettes. Une légère douleur vint me titiller le cou et je me tortillai avant de vouloir me tourner sur le côté droit du lit. C'est ainsi que je remarquai mes mains attachées. J'ouvris les yeux instantanément et sursautai en voyant Raphaël, assis sur une chaise, en face du lit. Je tournai la tête et vis mes mains attachées au lit, je tirai sur celles-ci dans une vaine tentative de les faire céder.

- Cette histoire ne te rappelle rien, mon ange ?

Mes yeux se plantèrent dans l'homme confortablement assis en face de moi. Ce même homme qui m'avait brutalement trahi. Ce même homme qui arborait un sourire aussi glacial que l'hiver et aussi mauvais que celui qu'arborait Sebastian auparavant.

- Détache-moi Raphaël.

- Tu peux m'appeler Seth, tu sais.

- Là n'est pas la question, détache-moi immédiatement.

Je tentai de contenir ma rage, de garder mon calme. C'est ce que j'avais appris à faire, dans la police tu te dois de contenir tes émotions, avec Sebastian tu te dois de contenir tes émotions. Je savais parfaitement feindre l'ignorance même si je bouillonnai de l'intérieur.

Mais il n'était sûrement pas dupe, il devait se douter que mon visage neutre cachait de bien grandes et fortes émotions.

- Non.

Habituellement, j'aurai mordu ma lèvre inférieure ou encore l'intérieur de ma joue jusqu'à provoquer une petite ouverture et laisser le goût métallique du sang se mélanger avec ma salive. Pourtant ce simple geste, peut-être bien trop voyant et explicite pour des personnes comme Raphaël et moi.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Comment a-t-il pu vouloir de toi ? Questionna-t-il rhétoriquement, posant son coude sur une de ses jambes et une main sous son menton. Tu es sincèrement une des femmes les plus ennuyantes que je connaisse.

Mon ventre se tordit à son sous-entendu. Mes barrières se brisaient toujours un peu plus à chaque fois que Sebastian était mentionné, ma force mentale s'écroulait comme un jeu de cartes lorsque l'évocation même de mon ancien ravisseur était mise sur la table.

- Je ne suis plus celle que j'étais, je sais me défendre.

- Oui, belle preuve de défense et d'intelligence, Inaya.

- Hayden, je m'appelle Hayden. M'agaçai-je, avant de souffler calmement pour qu'il ne remarque en rien ma colère sur le point d'éclater.

- Le fait que tu changes de prénom ne fait pas de toi une nouvelle personne.

- Détache-moi.

Je réitérai ma demande pour ne pas éclater et me laisser envahir par mes émotions. Je savais que malgré mon visage neutre, Raphaël connaissait pertinemment ce qui se tramait dans le reste de mon corps.

- Ne remarques-tu pas l'endroit Ina ?

Je tournai la tête de droite à gauche et une violente envie de vomir revint faire surface. Voyant mon trouble et mon angoisse Raphaël se mit à rire.

- Bon retour à tes 17 ans, mon ange.

Et c'est à cet instant, à l'instant où le surnom traversa la barrière de ses lèvres, la brutalité de la situation me violenta.

Je m'étais trompée sur toute la ligne. L'homme doux et adorable du matin s'était transformé en bête monstrueuse quelques heures après.

Raphaël n'existait plus.

Blanche EnsanglantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant