Meet Mello

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Il cachait ses yeux bleus électriques sous sa frange de cheveux châtains clairs qu'il portait au carré. Lawliet posa son livre pour le regarder et lui demanda posément :

- Pourquoi tu as fait ça ?

Le garçon regarda Near du coin de l'œil et reprit un morceau de chocolat.

- Oh, à Near ? Rien. Je m'ennuyais., expliqua-t-il d'un petit sourire narquois.

Lawliet fronça les sourcils et contempla le nouveau venu.

-  Au fait, t'as toujours pas répondu à ma question. Moi c'est Mello.

- L., répondit-il simplement avant de sauter d'un bond de son siège et de s'éloigner de la salle.

Il sentit le regard de Mello peser dans son dos alors qu'il partit sans dire un mot, son livre calé sous son épaule. Pourquoi prenait-il la défense de Near ? Est-ce qu'il devait en déduire qu'il considérait le petit aux cheveux blancs comme son ami ? Lawliet n'avait jamais eu d'amis, et à l'école tout comme à l'orphelinat les élèves l'évitaient, ou pire, l'insultaient. Il a toujours considéré les humains comme de drôles de personnes et a du mal à comprendre comment il pourrait réellement se faire un ami.

Cependant ce petit Near était différent, et pas seulement parce qu'il a les cheveux blancs du haut de ses 6 ans, ni parce que c'est un génie des mathématiques. Il y avait dans ses yeux ce regard innocent et perspicace à la fois qui plaît à L. Inexplicablement, Mello, le gamin de huit ans aux cheveux d'or et à la tablette de chocolat ne parvenait pas non plus à se détacher de son esprit.

Alors que Lawliet était supposé dormir, épuisé par son insomnie habituelle, un faible toc-toc se fit entendre à la porte de sa chambre. Celle-ci s'entrebâilla et laissa apparaître un tout petit garçon frêle aux habillé tout de blanc par l'embrasure.

-  Near. Que puis-je faire pour toi ?, demanda L.

Il n'aurait pas été étonnant que les garçons normaux de 18 ans auraient rejeté un enfant de 6 ans seulement, mais Lawliet au contraire l'invita à rentrer. Aucun enfant ici n'est « normal » de toute façon.

Near s'avança prudemment dans la chambre, comme s'il avait peur de marcher sur un piège à souris. Il regardait partout autour de lui, comme apeuré par quelque chose.

L s'assit sur son lit, les genoux repliés sur son torse, et fit signe à Near de venir s'asseoir à côté de lui. Le petit s'exécuta et s'assit par terre, une jambe étalée au sol, et l'autre ramenée au niveau de son épaule. Il regardait le sol avec un petit air perdu.

- C'est Mello. Il me fait peur..., articula l'enfant.

Lawliet l'observa en fronçant les sourcils. S'il espérait obtenir de l'aide en relations humaines, il n'avait certainement pas frappé à la bonne porte. Il prit une grande inspiration.

- C'est quoi votre problème, à vous deux ?

Near leva la tête pour regarder son interlocuteur, comme s'il était reconnaissant d'avoir obtenu une réponse. Il faut dire que L ne parlait vraiment pas beaucoup, et le fait qu'il semblait bien vouloir l'aider donna l'impression à Near d'avoir un ami. Lui non plus n'en avait pas, étant donné que les autres orphelins se moquaient de ses cheveux blancs et de ses habitudes enfantines. Pour un crack mathématique, son entourage trouve qu'il joue beaucoup trop aux Playmobils.

- Moi, je n'ai aucun problème avec lui. S'il y mettait un peu du sien, je suis même sur qu'on pourrait être très bons amis.

Near joua avec une de ses mèches de cheveux et regarda à nouveau L.

- C'est lui qui ne peut pas me supporter. J'ai l'impression qu'il me considère comme un rival. Inexplicablement. Il a une telle haine envers moi...

Lawliet regarda quelques instants le petit jouer avec sa mèche de cheveux. Comme Near avait emmené son ours en peluche, il supposa qu'il n'arrivait pas à dormir avec son esprit tourmenté. Il lui posa alors une question toute simple :

- Tu veux t'endormir ici ?

Le petit garçon se leva et s'allongea sur le lit de L qui était toujours assis dessus, ses mains posées sur ses genoux. Near enfouit son nez dans sa peluche et s'endormit en quelques secondes à peine.

Lawliet, à sa plus grande surprise, n'était pas si désemparé qu'il l'aurait cru, et resta simplement assis là, éveillé toute la nuit, regardant distraitement l'enfant, comme un véritable ami.

L LawLietOù les histoires vivent. Découvrez maintenant