Jeudi 11 novembre
Pour une fois, je ne m'étais pas embêté à me regarder dans le miroir. Je voulais partir de chez moi rapidement. Mon père aurait pu partir pour une cinquantaine d'années, j'aurais quand même décidé de sortir en précipitation.
Là où j'étais, nous fêtions l'Armistice. Malheureusement, cela faisait bien longtemps que cette fête n'avait plus aucune signification dans ma vie.
Je rigolais toujours ironiquement quand mon père m'envoyait faire toutes sortes de tâches pendant un jour férié. La première fois m'avait, à l'évidence, choqué. Aujourd'hui je peux échapper à ces travaux, autant considérer ça comme un cadeau.
Je sortis de la maison, refusant d'être emmené en voiture malgré l'insistance de Tadao-san, mon majordome.
Je courais sans relâche, mais les températures basses de ce mois de novembre ne m'aidaient pas.
– Kaz-kun ! cria Dai de l'autre bout de la rue.
– Dai ! lui fis-je enjoué avec un signe de la main.
Je traversais la rue, courant, sans regarder ni à gauche ni à droite.
– Tu as l'air bien content aujourd'hui, dit-il en attrapant mon épaule de son bras gauche.
Amicalement, il me décoiffa en riant avant de recommencer de parler de « la fille la plus belle du collège ». Il riait si fort que je crus voir ses cheveux s'envoler avec la vibration de sa voix.
– Peut-être parce que c'est un jour de fête ?
Celui-ci fit mine de se retenir de rire. Il serra son ventre avec ses mains et cacha son expression derrière ses cheveux bruns. Il avait un peu de dignité, mais cela le rendait bien plus sympathique et amusant que moi.
– Les métis, ahh, soupira-t-il finalement. Tant mieux si tu es heureux, on rejoint les autres ?
Les "autres" étaient toujours les mêmes. Les potes à Dai étaient tous des élèves populaires dans le collège, les filles au centre d'attention, les garçons un peu trop bruyants et leurs semblables.
– Pourquoi pas, Si tu y tiens, répondis-je en assombrissant mon expression.
– On va fêter je-sais-pas-trop-quoi, peu importe ! Séchons les cours pour aujourd'hui ok ?
– Comment ça ?
– Puisque ta fête est importante, n'est-ce pas ? fit-il en me tapotant l'épaule.
Malgré l'importance, je ne sentais vraiment pas l'idée de sécher les cours comme une bonne idée.
– Je ne pense pas...
Il insista encore et encore, me proposa toutes sortes de sorties et de présentations en retour. L'argent, c'était tout ce qui lui manquait. Un garçon gentil, spécial mais les parents ne prenaient pas toujours leurs enfants au sérieux. Lui, il ne recevait jamais d'argent.
– Je peux juste te passer de l'argent, proposais-je.
Il secoua la tête immédiatement.
Dai voulait que je vienne avec lui. Il avait peut-être plusieurs raisons mais en même temps j'imaginais bien que venir sans son pote ne lui plaisait pas.
Je me disais également qu'il aurait mieux fait de ne pas accepter de venir mais chose dûe chose faite.
– Toi, tu dois y aller dans tous les cas, n'est-ce pas ?
– Oui, soupira-t-il.
– Alors...
Ses yeux commencèrent à briller. Il me prit les mains et les serra avec toute la force de sa joie.
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Bouquet final
Novela Juvenil« Que ferais-tu si je n'avais plus qu'une cinquantaine de jours à vivre ? » Kazune est un garçon gentil, populaire, intelligent, fort en sport etc... Il profitait bien de sa vie en compagnie de son meilleur ami Dai. Pourtant, des évènements firent...