Samedi 6 novembre
Ce matin-là, j'ouvrais mes yeux qui s'exposèrent à nouveau à la lumière éblouissante du soleil. Je posai mon bras sur mes yeux, avant de me plaindre un peu de ce réveil brusque.
La sonnerie arriva à son tour, son « pip » infernal qui me rappelait chaque matin que l'école existait. C'était toujours aussi ennuyeux de savoir qu'il fallait se réveiller afin de vivre. La seule envie que j'avais en ouvrant les paupières était de ne plus jamais devoir le faire.
– Bonjour, jeune maître.
À la voix de mon majordome, j'avais l'obligeance de me réveiller avant de finir en retard. Ces mots qu'on connaissait bien, le « retard » et les « billets de retard ». On m'avait dit qu'il y avait énormément d'importance pour ne pas risquer de se faire virer en entreprise.
Avec mon père, qu'allais-je risquer ?
– C'est bon, sortez, dis-je.
Il s'exécuta immédiatement, se courba et partit. Je dus alors sortir du lit et commencer ma routine.
Mes cheveux dépassent toujours. Cette coupe mi-longue que ma mère disait apprécier énormément avait toujours la même couleur brune. Mon visage restait aussi petit, mais mon ami m'assurait sans arrêt qu'il s'agissait de mon charme. Autant y croire.
Je voulus ce jour-là mettre un manteau long, afin de ne pas paraître trop petit par rapport aux autres. L'intérieur en revanche reste classique. Uniforme et pantalon noir, il était toujours préférable d'avoir de la place pour y mettre mes mains.
Je descendis ensuite de ma chambre afin de rejoindre la cuisine. Sans trop être surpris, personne n'était présent, seulement quelques employés de la maison. Ceux-ci n'avaient pas le droit de me parler. Ils pouvaient l'être ou non, mais je ne voyais devant moi que des personnes parfaitement ennuyeuses.
– Jeune maître, avez-vous besoin de quelque chose ? me demanda mon majordome.
– Non, merci, répondis-je fermement.
Le vieil homme s'assit à côté de moi et me regarda manger.
– Mon père est-il déjà parti ? demandais-je.
Il avait beau être samedi, je m'attendais déjà bien à la réponse.
– Le maître à dû s'absenter pour diverses raisons. Il sera sans doute de retou...
Encore ces raisons idiotes pour me laisser de côté. Enfin, j'avais toujours ces pensées alors que la véritable version était compréhensible aussi : « l'argent avant l'enfant ». Mon entourage était ainsi. Tous sans exception.
– C'est bon, j'ai compris.
Je plantais à nouveau le couteau dans le pot de chocolat. Je pris mon temps pour le tartiner mais ce n'était que pour perdre le temps que j'avais en trop. Je bus mon verre de chocolat chaud refroidit d'un trait avant de m'apprêter à sortir de ce que je nomme le « chez moi ».
Mon majordome ne sembla pas si sûr de vouloir me laisser partir. Il me laissa une expression perplexe. Je ne cherchais pas à m'expliquer, le fait que je me dirige vers la porte d'entrée principale expliquait déjà tout ce qu'il y avait à savoir.
– Où allez-vous ?
– J'ai envie de faire un tour. Je m'ennuie, dis-je.
– Un tour où ça ?
Je jugeais si fort dans ma tête que l'homme en face de moi avait probablement pu deviner mes pensées. Si ce n'était pas le cas alors tant mieux. Je doute que quiconque aurait voulu entendre la personne qu'on a élevé penser : « Ça me changera des animaux pathétiques qu'il y a dans cette maison ».
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Bouquet final
Teen Fiction« Que ferais-tu si je n'avais plus qu'une cinquantaine de jours à vivre ? » Kazune est un garçon gentil, populaire, intelligent, fort en sport etc... Il profitait bien de sa vie en compagnie de son meilleur ami Dai. Pourtant, des évènements firent...