Chapitre 63

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Après être restée plusieurs jours alitée, Éléna décida qu'il était grand temps de s'extraire de son lit et de marcher un peu, et ce, malgré son état physique et surtout mental. À force de rester allongée tout le temps, elle craignait d'avoir un problème musculaire. Cela ne lui fera pas de mal de marcher un peu. Ses muscles engourdis ne demandaient que ça et puis elle en avait marre d'être enfermée dans la même pièce, toute seule, depuis deux semaines. Certes, les hommes de la maison venaient la voir à tour de rôle à raison d'une heure chacun, hormis Kazimir qui restait à ses côtés la nuit. Les mafieux prenaient également leurs repas avec elle. De plus, son isolement l'enfonçait et la maintenant dans la déprime qui était en train de tourner insidieusement en dépression. La jeune femme en avait marre de ressasser les traumatismes subis. Si elle voulait s'en remettre, il fallait qu'elle sortît de cette chambre pour passer du temps avec des personnes bienveillantes.

Les souvenirs de son retour de l'hôpital restaient flous. Peut-être n'avait-elle pas envie de se les remémorer après tout. Malheureusement, ce qu'elle a vécu chez Nikita était tellement traumatisant et violent qu'elle ne parvenait pas à oublier les actes odieux dont elle a été victime. Ils surgissaient dans ses rêves et les transformaient en atroces cauchemars. Plusieurs fois dans la nuit, elle poussait des hurlements à réveiller les morts. Heureusement, Kazimir ne dormait que d'un œil et dès qu'elle commençait à crier, la rassurait systématiquement.

Éléna se rendit dans la salle de bains et lâcha un cri, horrifiée de rencontrer son propre reflet dans le miroir. Elle se mit aussitôt à pleurer. Elle était si différente d'avant son départ de chez Kazimir qu'elle ne se reconnaissait plus pire, elle se dégoûtait.

Sa mine était pâle, jaunie par les nombreux médicaments ingurgités ces dernières semaines. Elle avait maigri aussi et elle n'aimait pas du tout sa silhouette. Elle ressemblait à un cadavre malade. Des cernes sous ses yeux témoignaient de sa fatigue et du manque de vitamines. Seule la couleur de ses yeux n'avait pas changé, mais ces derniers avaient versé tellement de larmes qu'ils ne dégageaient rien d'autre que la peur. Sa bouche était craquelée par endroits. Cependant, le pire était ses cheveux. Ils étaient courts. Elle se mit à pleurer davantage en se souvenant que Nikita les lui avait coupés. Elle, qui avait une magnifique crinière blonde et ondulée, n'avait maintenant que des cheveux courts qui lui arrivaient au niveau de la nuque.

Elle ne ressemblait à rien et ses agresseurs avaient brillamment détruit tout espoir de guérison et de joie de vivre en elle. Toutefois, heureusement pour la jeune femme, son estomac se mit à gargouiller et lui rappela qu'elle était bien humaine et qu'elle avait faim. Ces derniers jours, ou plutôt ces dernières semaines, elle n'avait été nourrie que par sonde et depuis la semaine dernière, de potage. Elle ne voulait plus avaler une seule goutte de liquide.

La jeune femme prit sur elle et ôta sa chemise de nuit et une espèce de couche usagée qui ressemblait au filet que les nouvelles mamans mettaient après avoir accouché. Quelle horreur ! Elle plaignait la personne qui s'était chargée de lui changer ses couches... Elle ne se souvenait pas de qui l'avait fait, car elle avait passé beaucoup de temps à dormir. En espérant ne pas la rencontrer. Elle avait fait pipi dans ces trucs et elle avait sûrement eu ses règles, quant au reste... Elle ne voulait pas y penser. Elle chassa ses pensées répugnantes et humiliantes de son esprit, puis elle inspira profondément et grimaça en se rendant compte qu'elle puait la transpiration. Elle ne supportait pas la saleté qui imprégnait son corps et ses cheveux poisseux.

Éléna se débarrassa de sa couche-filet dans la poubelle et passa dans la douche où elle s'assit, de peur de tomber. Des vertiges la tiraillaient de toutes parts. Elle était encore faible. La jeune femme avait échappé à la mort, il était inutile de flirter avec elle, surtout qu'elle se trouvait en sécurité maintenant. Tout en continuant de pleurer, elle se lava les cheveux et le corps. Des cicatrices ornaient ses jambes et des boursouflures la démangeaient dans son dos. Aussi, elle veilla à ce que la température de l'eau ne fût pas trop chaude.

MafiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant