Chapitre 64

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Séléna était restée avec Éléna toute l'après-midi. Les deux femmes avaient passé du temps dans la chambre de la blonde. La métisse lui avait appliqué des rajouts dans les cheveux, de sorte que sa chevelure fût plus épaisse et lui arrivât au-dessus des épaules. Ainsi, Éléna retrouva un peu de confiance en elle, d'autant plus que Séléna avait joué à l'esthéticienne en lui faisant plusieurs masques et soins faciales et capillaires.

En plus d'essayer de rendre la confiance qu'Éléna a perdu, Séléna lui avait parlé de son passé et avait conseillé la jeune femme de se livrer, afin de vider on sac, sans avoir peur d'être jugée par les hommes de la maison. Ce qu'elle choisit de faire autour du dîner. Malheureusement, Séléna avait pris congé d'eux pour rejoindre sa famille à l'hôtel.

Assis autour de la table de la salle à manger, les mafieux mangeaient, mais Éléna ne touchait pas à son assiette. Elle se contentait de triturer les aliments du bout de sa fourchette pourtant, Eduard lui avait préparé l'un de ses plats préférés ; un pavé de saumon et une purée de pommes de terre. Elle versait des larmes en silence. Les hommes le voyaient, mais ils ne voulaient pas lui en parler ; ils laissaient le bon soin de la consoler à Kazimir. Ils préféraient parler entre eux, de leur travail, des sorties qu'ils avaient prévues et de celles qu'ils avaient faites. Ils parlaient de leur vie, tandis que la jeune femme se rendit compte que la sienne s'était arrêtée le jour où elle avait franchi la porte d'entrée de cette maison avant d'être livrée à Nikita.

Seul Kazimir ne parlait pas, mais il mangeait lentement en regardant sa Rose assise à sa gauche. Il voyait qu'elle n'allait pas bien, mais il ne savait pas de quelle manière s'y prendre pour la réconforter. Il avait peur de se montrer maladroit et par-là, de la braquer alors qu'elle était déjà bien traumatisée.

Le mafieux leva lentement sa main sur la joue d'Éléna et la lui caressa doucement. Il fut rassuré qu'elle se laissât faire.

Cela faisait plusieurs jours qu'elle était rentrée et elle n'avait toujours pas évoqué son calvaire. Kazimir était sûr que cela lui ferait le plus grand bien de parler, de vider son sac, mais c'était elle qui devait décider du moment où elle se livrerait.

Ils faisaient chambre à part. Le parrain l'avait installée dans la chambre qu'il lui avait réservé le premier soir de sa venue, avant de rapidement l'intégrer dans sa chambre à lui, devenant par la suite la leur.

Le mafieux récupéra la main de la blonde et la porta à la bouche pour en embrasser le revers.

— Je t'aime, Éléna, souffla-t-il en captant le regard bleuté de la jeune femme.

Cette dernière riva son regard sur les doigts tatoués de l'homme qui tenaient délicatement les siens. Il avait de nouveaux tatouages sur les phalanges. Elle ignorait ce qu'ils signifiaient, mais elle constata qu'ils étaient bien faits.

Elle lui sourit en retour et sans qu'elle sût la raison, elle se mit à penser à Dimitri. Elle eut une soudaine montée d'émotion. Elle ne pouvait plus garder pour elle les atrocités qu'elle avait subies chez ce malade mental de pervers qui l'avait achetée à des fins plus qu'odieuses.

— Nikita... commença-t-elle à voix basse en baissant les yeux, honteuse. Nikita il... Il m'a fait rencontrer son ami, Dimitri, le premier jour où je suis arrivée chez lui.

Les hommes autour de la table se turent immédiatement et cessèrent de manger. Kazimir ne lâchait pas la main de sa Rose qu'il tenait, cette fois-ci, de ses deux mains. Tous écoutèrent Éléna qui commençait à se livrer. Ils s'étaient toujours promis d'être là pour elle le jour où elle en aura le plus besoin et ce moment est arrivé.

MafiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant