Chapitre 66

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Après s'être douchée, Éléna s'installa devant la ravissante coiffeuse blanche que Kazimir avait faite faire sur-mesure et installée pour elle, dans sa chambre, quelques jours avant qu'elle ne le quitte. La  jeune femme dévisageait son reflet en détaillant les stigmates visibles sur son visage, témoins silencieux des graves maltraitances qu'elle avait subies chez Nikita. Elle se mit à pleurer. Elle pleurait toujours lorsqu'elle repensait aux graves sévices et les actes de cruauté dont elle a été la victime. Son mari l'avait vendue à un être humain pour devenir l'esclave sexuelle d'un marchand de femmes. Hormis les odieux actes de barbarie commis sur elle, le pire, pour Éléna, a été d'appendre que les personnes appartenant à la même espèce horrible que celle de Mark, de Nikita et de ses autres agresseurs, pouvaient agir en toute quiétude. Les membres du gouvernement, de l'État et autres dignitaires participaient à ces soirées sordides appelés Cérémonie avec le consentement et parfois la présence de leurs épouses. La justice, s'il y en avait une, fermait les yeux, car mêmes les juges haut placés bénéficiaient des services de Nikita dans sa traites de femmes.

Éléna n'aurait jamais pensée une seule seconde que même le commandant de police de Moscou puisse participer à ces orgies ; c'était lui qui se cachait sous le masque de lapin. C'était lui qui lui avait fait le plus de mal, peut-être par vengeance, car le parrain Volkov lui avait glissé entre les doigts à de maintes reprises et tous les clients savaient qu'Éléna était sa compagne.

La blonde chassa les mauvaises images de ses pensées en secouant la tête, puis elle se saisit d'un peigne. Elle examina l'objet un court instant avant de le passer dans ses cheveux. Malheureusement, les rajouts que Séléna lui avait fait se détachaient un à un quand les dents du peigne glissaient le long de ses mèches courtes. La trentenaire plaqua sa main sur la bouche en assistant, impuissante, aux dégâts. Ses cheveux étaient dans un tel mauvais état que les rajouts n'avaient pas tenu. Ses sanglots s'amplifièrent ; elle se trouvait hideuse, laide et répugnante.

Éléna contempla le désastre capillaire que lui avait laissé son bourreau. Ses cheveux mesuraient entre cinq à dix à centimètres par endroits. Il n'avait pas pris le temps, ni le soin de les lui couper convenablement. Il s'était contenté de tailler dans le tas, en lui ayant saisi les cheveux dans une seule de sa main, tandis que la droite avait tenu les ciseaux.

Le côté gauche de son crâne, là où Éléna s'était blessée en percutant l'angle de la table basse du salon, ne présentaient pas de cheveux. Nikita s'était amusé à rouvrir sa plaie.

Écœurée d'elle-même et de rage, Éléna arracha avec hargne tous les rajouts capillaires encore présents sur sa tête, entraînant avec eux quelques mèche de ses cheveux d'origine avant de se mettre à pleurer encore plus fort, tout en les jetant sur la table de la coiffeuse. Elle resserra la serviette autour de son corps et attrapa un mouchoir dans la boîte en bois et se moucha longuement.

Éléna allait se lever quand Kazimir entra dans la chambre. Il découvrit la jeune femme en serviette, les cheveux humides et pleurant toutes les larmes de son corps, face au miroir, la tête baissée et les mains jointes sur ses cuisses. Il ne fallait pas être devin pour connaître la raison de son chagrin, ce qui désola le mafieux.

— Chérie, non... souffla-t-il en refermant la porte. Ne pleure pas, ma chérie.

Il avisa un rajout qu'Éléna attrapa avant de le lui tendre.

— Même ça, ça ne tient pas, sanglota la blonde en reniflant bruyamment.

— Tu n'as pas besoin de ces artifices ridicule pour être belle, Éléna. Tu es magnifique. Je te trouve magnifique.

MafiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant