𝐟𝐨𝐮𝐫𝐭𝐞𝐞𝐧. les mots versés

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14.
les mots versés

  ⏤ tuesday, april 19th, 2022
 

 
   
    

【 17:58 】
  
   
    

  San referma le bouquin qu'il avait dans les mains, soufflant un coup. Les fleurs s'embraseront.

Il était installé dans sa chambre, une nouvelle fois. Seonghwa, lui, travaillait encore, sûrement. Ou peut être était-il sorti avec des amis.

Toujours est-il que le noiraud devait prendre une pause sur sa lecture pour pouvoir se délecter un instant de la beauté de la plume de l'autrice. Un peu plus et il lâchait une larme face à ces pages emplies de sentiments en tous genre.

C'était beau.

Il n'avait toujours pas fait ses recherches concernant le message du stylo. Il n'avait pas vraiment eu le temps à vrai dire, et voulait surtout se reposer l'esprit un instant, et se détendre devant un bon livre.

Souriant doucement, il passa ses doigts sur la couverture rugueuse, puis sur la tranche. Il avait toujours été un rat de bibliothèque.

En fait, la sortie avec Jongho l'avait incroyablement détendu. Il espérait maintenant ne pas être proie à plus de vagues de mauvaise humeur. Ce n'était pas lui, il fallait qu'il garde le sourire.

Il faudrait tourner la page, bientôt.

Serrant le livre contre son torse, il se blottit dans son sweat, profitant du confort qu'il lui procurait. Puis il hésita un peu, et récupéra son casque, l'enfilant alors.

YouTube, il trouva Âme, et lança la première musique qui apparaissait sans prendre le temps de savoir laquelle c'était. Puis il se releva, dodelinant de la tête au rythme de la musique, et déposa son livre sur le bureau. En échange, il récupéra ce fameux papier avant de s'arrêter devant son étagère, fixant les vinyles qui s'y trouvaient rangés depuis qu'il avait emménagé avec son ami, deux ans plus tôt.

Un, deux, troisième album.
Effervescence, de son nom.

Il tira vers lui la pochette du vinyle correspondant, et observa un instant l'unique allumette qui decorait sa face noire. Ensuite, il la retourna, pour retrouver la liste des pistes.

Septième, c'était Great is the Void.

Les notes résonnèrent dans sa tête, dissonant avec la musique entraînante qu'il avait déjà dans les oreilles. Il repoussa l'album à sa place, s'écrasant de nouveau sur son matelas, le corps continuant de se balancer sur les paroles qui retentissaient sans qu'il n'en saisisse vraiment les mots, n'y prêtant pas assez attention.

Il récupéra alors son ordinateur, l'allumant avec détachement avant de taper son code.

0208,
la date de naissance d'Orion, son chien.

Une fois que l'engin fut prêt, il put lancer Google, et tapa sur les touches pour évidemment rechercher les paroles de Great is the Void, de Mist.

Les résultats s'affichèrent instantanément, San cliqua sur le premier lien, avant de commencer à compter les lignes.

11, trouvé.

Le second mot était mirror.

Miroir ?

Sa première pensée fut de placer la note griffonnée devant un miroir, mais il abandonna vite l'idée. Les lettres étaient dans le bon sens.

Dans ce cas, ça le laissait avec une solution, un code miroir.

Il n'eut pas à se remuer les méninges longtemps pour se souvenir d'un tel code, il suffisait d'inverser l'alphabet, tout simplement.

Le jeune homme ne prit pas même la peine de se relever et se pencha simplement pour récupérer la lettre cryptée rangée sur sa table de nuit du bout des doigts.

« ovh nlgh ufgrovnvmg evihvvh
ovh vuuofevh wv ezkvfi h'vxszkkzmg wv mlh kozgh ixszfuuvh
ovh hzmtolgh rwrlgh wvezmg fm uron vnlfezmg

glfg zoozrg yrvm klfigzmg

qv g'luuiv xvh znhlmrzh,
vhkvizmg erevnvmg jfv xz gv kozriz

nvgil. »

La présence envahissante de v, de x ou de z lui sautait aux yeux, à présent. Il se désespérait lui même, à avoir besoin d'indices pour ce genre de choses si logiques.

Plus qu'à décoder, maintenant, et il le ferait de lui même.

Le garçon se redressa ainsi pour s'installer à son bureau ordonné, fouillant un peu pour trouver un carnet vide dans lequel il pourrait gribouiller ses notes. Dans un second temps, il plongea la main dans son pot à crayons pour en ressortir le premier qui lui passait sous la main, et s'affaira directement à écrire.

La musique continuait de couler dans ses oreilles, harmonieuse.

   

 
  
   
         

« les mots futilement versés
les effluves de vapeur s'échappant de nos plats réchauffés
des sanglots idiots devant un film émouvant

tout allait bien pourtant

je t'offre ces amsonias,
en espérant vivement que ça te plaira

métro. »

 

  
 
    
  
   
   

Les amsonias.
D'après le langage des fleurs, elles étaient remords, regrets ou excuses.

𝐃𝐄𝐍𝐘 𝐘𝐎𝐔𝐑 𝐆𝐑𝐀𝐕𝐈𝐓𝐘⎯ woosanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant